Divertissement

Le prédateur de Suzanne pris la main dans le collyre

Retrouvez tous les épisodes de la série « Suzanne et l’Empoisonneuse » ici.

À 7 h 05, le mardi 7 avril 2015, Suzanne reçoit un message sur son téléphone à clapet. Il s’agit du propriétaire de son viager, Olivier Cappelaere. «  Bonjour Madame Bailly, sans vous déranger, pouvez-vous me dire quand vous serez absente aujourd’hui ou demain ? L’artisan souhaitait venir voir le joint à refaire. Cordialement. » Suzanne le rappelle aussitôt, l’échange est bref, elle se prépare pour son rendez-vous chez le coiffeur et ne reviendra qu’à l’heure du déjeuner. Cet Olivier Cappelaere commence à l’agacer, elle lui avait dit qu’elle était toujours absente les mardis et samedis. De plus, elle l’a prévenu que dans trois jours elle ferme l’appartement du Cannet (Alpes-Maritimes) pour retourner chez elle, à Belfort. Ses deux récentes hospitalisations l’ont fatiguée, elle a hâte de retrouver sa maison et ses pommiers.

En fin de matinée, Anne-Marie frappe à la porte de sa voisine, avant de l’ouvrir avec sa clé. Elle a un an de moins que Suzanne, 84 ans, et depuis que Suzanne est hospitalisée, elle vient tous les jours s’assurer de son état de santé. « Comment vas-tu, Suzanne ? » Pas de réponse. Anne-Marie répète un peu plus fort. « Suzanne ? Est-ce que ça va ? » Insister. « Su-zanne ? » « Oui, je vais bien… » La voix vient de la salle de bain ou peut-être des toilettes. « Es-tu sûr? », insiste Anne-Marie. Ça n’a pas l’air d’aller bien. Tu as une drôle de voix… »

Au même moment, de l’autre côté du couloir, son téléphone sonne. Anne-Marie se retourne, décroche, il n’y a personne au bout du fil. C’est sans doute une erreur, le numéro lui est inconnu. Elle retourne chez sa voisine, la porte a été claquée, mais elle ne lui a pas semblé fermée. Elle fait le tour de l’appartement. Pas de Suzanne. Jette un œil au parking. Sa voiture n’est pas là. Anne-Marie rentre chez elle, en colère.

« Tu aurais pu me prévenir plus tôt, avant de partir. »« Elle dit à sa voisine en l’entendant arriver sur le palier. Suzanne ne comprend pas un mot de ce que lui raconte Anne-Marie. Les deux femmes se séparent pour déjeuner chacune de leur côté.

« Une stupidité »

Trois heures plus tard, paniquée, Suzanne crie au téléphone : « C’est reparti ! C’est reparti ! » Anne-Marie accourt. Alertée également, Gaby, le robuste homme à tout faire qui dépanne souvent les dames de la résidence, appelle à l’aide. « Goûte l’eau ! Elle a un goût amer ! », Suzanne leur raconte. Anne-Marie trempe ses lèvres dans le verre posé sur la table de la cuisine, le recrache aussitôt. Gaby le goûte aussi, ne sent rien, se ressert un verre, et trouve l’eau amère. Quand les pompiers arrivent, Suzanne est allongée par terre, désarticulée, les yeux révulsés. Gaby suit l’ambulance dans sa voiture jusqu’à l’hôpital de Cannes, patiente en vain dans la salle d’attente dans l’espoir d’avoir des nouvelles, puis décide de rentrer chez lui. Sur la route, sa vision est floue, il heurte un trottoir, peine à tenir le volant. Il parvient à rejoindre tant bien que mal le pied de son immeuble, se gare au hasard et tombe dans la cage d’escalier. Son fils le conduit à l’hôpital, où il perd connaissance.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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