Des milliers de pompiers ont été déployés mardi au Portugal pour éteindre des incendies de forêt qui ont fait au moins trois morts et ravagé en trois jours une superficie plus vaste que pendant le reste de l’été.
Attisés par une chaleur étouffante et des vents violents, les trois plus grands incendies, concentrés dans la région d’Aveiro (nord), avaient déjà brûlé lundi soir quelque 10.000 hectares, soit autant que la superficie qui avait brûlé durant le reste de l’été, selon un bilan de la protection civile.
Sur l’ensemble du territoire, une cinquantaine d’incendies actifs mobilisent mardi plus de 3.700 pompiers, plus d’un millier de véhicules et une vingtaine d’avions ou d’hélicoptères.
Là « situation d’alerte »en vigueur depuis samedi après-midi en raison d’un risque d’incendie jugé « maximum » dans une grande partie du pays, le confinement a été prolongé jusqu’à jeudi soir.
« Nous allons vivre des moments très difficiles dans les jours à venir »a prévenu lundi soir le Premier ministre Luis Montenegro, annulant tous ses engagements pour mardi.
Les autorités lisboètes ont activé le mécanisme européen de protection civile pour obtenir huit avions bombardiers d’eau supplémentaires. Après les deux Canadairs arrivés la veille d’Espagne, des avions mis à disposition par la France, l’Italie et la Grèce sont attendus dans la journée.
Visibles depuis la commune d’Agueda, dans le district d’Aveiro, les avions espagnols ont repris du service mardi matin. Effectuant des rotations environ toutes les demi-heures, ils se ravitaillaient dans la lagune de Pateiro de Fermentelos, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les axes routiers sont coupés
Un nuage de fumée noire s’élevait d’une des rives du plan d’eau, répandant son odeur âcre dans l’air environnant.
Une femme appelle à l’aide alors qu’un incendie approche de sa maison dans le petit village de Ribeira de Fraguas (région d’Aveiro), au nord du Portugal, le 16 septembre 2024 / Patricia DE MELO MOREIRA / AFP
Dans la municipalité d’Albergaria-a-Velha, un Brésilien de 28 ans employé par une entreprise forestière est décédé des suites de brûlures, piégé par les flammes alors qu’il tentait de récupérer des outils.
Une autre personne a été victime d’une crise cardiaque lundi et, la veille, un pompier volontaire qui luttait contre un incendie près d’Oliveira de Azeméis, dans la région d’Aveiro, est décédé d’un malaise soudain pendant une pause repas.
Cette série d’incendies de forêt, qui faisait rage depuis le week-end avant de s’aggraver lundi, a également fait au moins quarante blessés, dont 33 pompiers, selon les derniers bilans des autorités.
Plusieurs routes sont toujours fermées dans les districts d’Aveiro, Viseu, Vila Real, Braga et Porto, dans le nord du pays, ainsi que dans la région de Coimbra (centre).
Selon les experts interrogés par l’hebdomadaire Expresso, lundi ont été réunies dans la moitié nord du pays les pires conditions météorologiques en termes de risque d’incendie depuis 2001.
Souvenir de 2017
Cela a entraîné le déclenchement de quelque 160 incendies, dont une douzaine ont ensuite pris des proportions importantes, rendant la lutte contre les flammes très difficile.
« Nous sommes arrivés en septembre avec des broussailles aussi sèches que de la paille et, avec ces conditions climatiques, toute négligence a une forte probabilité de générer un grand incendie »a expliqué José Miguel Cardoso Pereira, chercheur au Centre d’études forestières de l’Institut supérieur d’agronomie de l’Université de Lisbonne.
Le Portugal a connu jusqu’ici un été relativement calme sur le front des incendies, avec 10.300 hectares brûlés à fin août, soit un tiers de celui de 2023 et sept fois moins que la moyenne des dix dernières années.
Une femme porte un seau d’eau alors qu’un incendie fait rage à Busturenga, dans la région d’Aveiro, au nord du Portugal, le 16 septembre 2024 / Patricia DE MELO MOREIRA / AFP
Mais ces derniers jours ont ravivé le souvenir des incendies meurtriers de juin et octobre 2017, qui avaient fait plus d’une centaine de morts.
Depuis lors, le pays ibérique a décuplé ses investissements dans la prévention et doublé son budget pour lutter contre les incendies de forêt.
Les experts estiment que l’augmentation des vagues de chaleur, ainsi que leur durée et leur intensité croissantes, sont des conséquences du changement climatique.
La péninsule ibérique est durement touchée par ce réchauffement climatique, tandis que les vagues de chaleur et les sécheresses qu’il provoque favorisent les incendies de forêt.
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