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le portrait d’une mère d’un enfant autiste, « pas équipé » pour gravir la montagne

Le premier long métrage de John Wax s’inspire du spectacle éponyme de Marie-Odile Weiss, elle-même mère d’un enfant atteint de troubles du spectre autistique.

France Télévisions – Culture Edito

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Temps de lecture : 6min

Eden Lopes et Audrey Lamy dans

John Wax, co-directeur de Tout simplement noir, signe un premier long métrage solo porté par la folle énergie de l’actrice Audrey Lamy et par l’interprétation surprenante d’Eden Lopes, le tout jeune acteur incarnant l’enfant autiste. Présenté au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2024, En tongs au pied de l’Himalaya sorties en salles le 13 novembre 2024.

Andrea, 6 ans, entre en section principale de maternelle. Il souffre de troubles du spectre autistique (TSA). Diagnostiqué dès l’âge de 3 ans, il bénéficie à l’école et à la maison de la présence de Samia, qui l’aide avec des outils spécifiques pour progresser. Cette dernière année de maternelle est décisive pour l’avenir du petit garçon, qui pourrait voir sa scolarité interrompue s’il n’acquiert pas suffisamment d’autonomie et certaines bases pour poursuivre à l’école primaire.

Ses parents viennent de se séparer. Pauline, sa mère, a emménagé avec son frère immature et elle a tendance à trop boire après la fermeture du bar où elle est serveuse. Ce cadre n’est pas idéal pour aider Andrea à devenir indépendante.

L’amour de Pauline suffira-t-il à surmonter les épreuves qui l’attendent ? Parviendra-t-elle à aider son fils à grandir ? C’est ce que raconte ce film dans le registre de la comédie, inspiré du one-on-scene de Marie-Odile Weiss, dans lequel elle racontait son quotidien de mère d’un enfant autiste. Co-scénariste, elle joue également le rôle de la directrice de l’école dans le film.

« Marie-Odile était là tous les jours sur le plateau pour nous coacher, pour rendre le film le plus crédible possible, pour nous orienter sur des choses un peu complexes, comme des situations de crise, des propos plus techniques »confie Audrey Lamy dans un entretien à franceinfo Culture.

Si l’autisme est au cœur de son premier long métrage, John Wax campe également le portrait d’une femme de 40 ans, une mère qui, comme elle le dit, « n’est pas équipé » gravir la montagne qui se dresse devant elle. « Dans cette histoire, tous les personnages ont en commun de ne pas être autonomes.explique Audrey Lamy. Et c’est tout l’intérêt de cette année charnière pour Andrea, qui deviendra le théâtre d’une double émancipation : celle du petit garçon, mais aussi celle de Pauline.

« Le scénario est inspiré du spectacle de Marie-Odile Weiss, mais il y a aussi beaucoup de moi dans le personnage de Pauline, et dans celui de son frère », confie John Wax à franceinfo Culture.

« Leur père est mon père. C’est cette génération pour qui le rôle de père se limitait à rapporter de l’argent à la maison. Il n’y avait pas d’écoute »dit John Wax. « Je suis père aujourd’hui et c’est très différent. J’ai deux enfants de deux femmes dont je suis séparé, c’est un sujet qui me parle », confie le réalisateur.

La charge parentale est ici amplifiée par le handicap de l’enfant. Arriver à l’heure malgré la nécessité pour Andrea de compter les bus avant d’y monter, gérer les démarches administratives, convaincre l’enseignante de garder Andrea au spectacle de fin d’année, se familiariser avec les outils pédagogiques adaptés, déboucher les toilettes qu’Andrea bouches presque tous les jours…

Le rythme effréné du film décrit bien le marathon dans lequel se lancent les parents d’enfants handicapés et les difficultés colossales qu’ils doivent surmonter. Dans une production sans prétention, mais pleine d’énergie tournée vers l’action et les personnages, John Wax, comme Artus, démolit à sa manière les clichés sur le handicap.

Audrey Lamy confie avoir été séduite par le «côté très réaliste, mais sans être écrasant (…), par le ton que John parvient à donner à cette histoire qui traite d’un sujet très sensible, un sujet très complexe, en y injectant de l’humour, des sourires, des rires, de la joie, de l’amour ».

Cette comédie dramatique est littéralement portée par l’énergie de l’actrice, mais aussi par la justesse du jeu judicieusement choisi d’Eden Lopes. « choisis parmi des centaines d’enfants »et par l’engagement de l’ensemble du casting. En tongs au pied de l’Himalaya rend hommage sans pathos à la ténacité et au courage de tous les parents de ces enfants dotés d’un « petit plus ».

Genre : Comédie dramatique
Directeur: John Cire
Acteurs : Audrey Lamy, Nicolas Chupin, Eden Lopes
Pays : Belgique, France, Japon
Durée : 1h33
Sortie : 13 novembre 2024
Distributeur : Le Pacte
Synopsis : Pauline est la maman d’Andrea, 6 ans et demi, un merveilleux petit garçon qui a reçu un diagnostic de TSA : un trouble du spectre autistique. Il n’est pas vraiment au niveau, mais il est encore à l’école et s’apprête à entrer en section principale de maternelle. Pour Pauline, sans revenu fixe et récemment séparée de Fabrice, le père d’Andréa, tout semble concourir à faire de sa vie une succession d’échecs. Cependant, pour Andrea, il s’agit d’une année cruciale qui déterminera s’il pourra ou non rester à l’école et ainsi avoir de meilleures chances de voir sa condition s’améliorer. Mais pour cela, Andrea a besoin de stabilité, et pour Pauline, la lui apporter, c’est un peu (beaucoup) comme gravir l’Himalaya en tongs…

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