Cette mission regroupant des navires de plusieurs nations (Etats-Unis, Grèce, Espagne, Portugal) se déroulera du 26 avril au 10 mai sous le commandement de l’état-major maritime StrikforNato, regroupant quinze nations dont la France, et dirigé par un vice-amiral américain, ont annoncé jeudi les chefs d’état-major interarmées. « C’est la première fois que le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sont placés sous le contrôle opérationnel de l’Otan depuis quinze jours », souligne le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux. deux dans le commandement maritime de l’OTAN. Mais « à tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national lors des opérations si nécessaire », précise l’officier supérieur.
« C’est la première fois que le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sont placés sous le contrôle opérationnel de l’OTAN depuis quinze jours »
Autrefois considérée comme un allié difficile, toujours objet de méfiance à Bruxelles, la France réinvestit dans l’Otan depuis le retour de la menace russe, parallèlement à son désengagement militaire en Afrique. Membre fondateur de l’organisation créée en 1949 pour faire face à la menace soviétique, elle quitte le commandement militaire intégré en 1966, sous la direction du général de Gaulle, en raison de désaccords avec les États-Unis. Elle y revient en 2009, sans toutefois rejoindre le groupe des plans nucléaires de l’Alliance.
Le Charles-de-Gaulle, avec à son bord ses avions de combat Rafale Marine, reprendra ses opérations fin avril après huit mois de travaux. Escorté par un sous-marin nucléaire d’attaque, des frégates spécialisées et un navire ravitailleur (le tout constituant le « groupe aéronaval » français, NDLR), il a déjà participé à des exercices et opérations de l’Otan mais toujours sous contrôle national.
La mission permettra à la France « de rentrer dans le rang en se mettant au même niveau que nos alliés. Nous apprendrons aussi beaucoup », a déclaré le commandant du groupe aéronaval français, le contre-amiral Jacques Mallard.
« Message aux Russes »
C’est « un message adressé aux Russes. Face à une menace croissante, l’efficacité collective prime », commente Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. Le message s’adresse également aux autres nations de l’Alliance atlantique, autrefois critiques à l’égard du soutien français à Kiev, qu’elles jugeaient trop léger suite à l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022. Mais la France a récemment multiplié les déclarations fortes à l’égard de Moscou, de ses le président Emmanuel Macron ayant notamment appelé mi-mars à une « défaite de la Russie ».
« Il y a un tournant assez important dans la démarche française. A Bruxelles, les alliés suivent tout cela de très près, et plus il y aura de gestes concrets comme celui-ci, plus forte sera leur perception d’un changement français crédible.
« Il y a un tournant assez important dans la démarche française. A Bruxelles, les alliés suivent tout cela de très près, et plus il y aura de gestes concrets comme celui-ci, plus forte sera leur perception d’un changement français crédible », souligne Robert Pszczel, ancien responsable et chercheur de l’Otan. au Centre d’études orientales. Cette mission « reflète notre engagement commun à renforcer la coopération et à assurer l’interopérabilité dans un environnement de sécurité difficile », a déclaré la porte-parole de l’Otan, Farah Dakhlallah.
Depuis le retour de la menace russe, la France a déployé plus de 1 500 hommes à la frontière de l’Ukraine, en Roumanie, où elle a assumé le rôle de nation cadre de l’Otan. En France, plusieurs partis politiques s’opposent à la présence au sein du commandement intégré de l’Otan. Mais le président du Rassemblement national (RN, extrême droite), principale force d’opposition, a récemment nuancé sa position en affirmant qu’il n’était pas question d’en sortir, tant que la guerre en Ukraine durerait.