Le port du voile est un facteur discriminant pour l’accès à l’apprentissage en entreprise, selon une étude
Le voile réduit de « plus de 80% » les chances d’obtenir un entretien après une candidature spontanée à un contrat d’apprentissage, selon une étude universitaire publiée lundi.
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Un résultat clair. Le voile diminue de « plus de 80% » les chances d’obtenir un entretien après une candidature spontanée à un contrat d’apprentissage en entreprise, selon une étude universitaire (en PDF) publié lundi 9 décembre. Ce « testing » a été réalisé par des chercheurs universitaires rattachés au CNRS et un data analyst, dans le cadre de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans l’enseignement supérieur (Ondes). L’étude a été présentée lundi par l’université Gustave-Eiffel (Marne-la-Vallée). Son objectif ? Évaluer « sanctions liées au port du voile musulman sur le marché du travail français ».
L’enquête, réalisée entre le 21 mars et le 1er avril 2024, a consisté à envoyer une paire de CV de jeunes femmes – voilées et non voilées – nées en 2005, étudiantes en première année de BTS « Comptabilité et gestion », et dont les prénoms et noms – Français ou d’origine maghrébine – ont été choisis dans la base de données de l’état civil de l’INSEE. Leurs candidatures fictives étaient adressées à l’une des 2 000 entreprises parisiennes, tirées au sort parmi les « les fichiers des unités légales de l’Insee »préciser les auteurs de l’enquête.
Ainsi, les CV de « Sofia Cherif, Yasmine Saïdi, Sara Belkacem, Nadia Ali, Emma Martin, Léa Bernard, Manon Durand et Clara Richard » ont été réalisés avec des photos de figurants, qui posaient avec et sans voiles. Ils ont le même « compétences, qualifications et expérience »la même première expérience et proviennent d’établissements d’enseignement jugés « bien »tous ont obtenu le baccalauréat professionnel en 2023, ont le français pour langue maternelle et vivent à Paris, dans des quartiers ni populaires ni riches.
Des chercheurs soulignent que le port du voile n’est pas interdit dans le secteur privé « sauf lorsqu’un règlement intérieur » affirme le contraire. Selon leurs tests, le port du voile « augmente la part des réponses négatives de 25 %, diminue la part des réponses non négatives de plus de 30 % et diminue les chances de recevoir une réponse positive de plus de 80 % »c’est précisé.
Qu’en est-il de la proposition d’entretien ? Les femmes voilées d’origine française ont 10,8 points (-81,4%) moins de chances d’en obtenir un, contre 6,7 points (-84,9%) lorsqu’elles sont d’origine maghrébine, selon les données. « On voit que les effets sont très similaires pour le candidat présumé d’origine française et pour celui présumé d’origine maghrébine »poursuivent les chercheurs. Les auteurs soulignent que l’apprentissage est « une des principales voies d’accès à l’emploi ».