« Le plus précieux des biens » : Michel Hazanavicius crée une merveille animée pour raconter l’horreur de la Shoah
Avec « Le plus précieux des biens », Michel Hazanavicius adapte le conte pour enfants de Jean-Claude Grumberg.
L’histoire d’une petite fille recueillie par un couple de bûcherons polonais après avoir été éjectée d’un train en direction du camp d’Auschwitz.
En lice pour la Palme d’Or, ce film d’animation en 2D narré par le regretté Jean-Louis Trintignant séduit par sa sobriété et son discours universel.
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Michel Hazanavicius nous confiait il y a quelques années vouloir profiter du succès de L’artiste prendre vos risques. Et faire de chacun de ses films un projet unique, voire radicalement opposé au précédent. Deux après l’ouverture du Festival de Cannes avec Couper!remake d’un film d’horreur japonais, le cinéaste français ne pourrait guère changer l’univers plus qu’en le portant à l’écran Le bien le plus précieuxun conte de l’écrivain et dramaturge Jean-Claude Grumberg dont le père fut déporté à Auschwitz depuis Drancy en 1943.
Nous sommes au cœur de la Pologne, en pleine Seconde Guerre mondiale. Alors qu’elle cherche de la nourriture à proximité d’une voix ferroviaire, persuadée que les trains qui passent sont pleins de nourriture, la femme d’un bûcheron découvre un bébé dans la neige. C’est tout sauf un accident puisque son père l’a jetée du wagon des déportés pour qu’elle échappe à la mort. Malgré les réticences initiales du mari, le couple a décidé d’élever l’enfant comme s’il s’agissait du leur. Sans se rendre compte des risques que sa générosité lui fait prendre.
Une esthétique sobre, presque impressionniste
A la sortie de son livre, Jean-Claude Grumberg expliquait avoir choisi la forme du récit afin de transmettre le récit de la Shoah aux enfants. C’est sans doute avec le même souci de la nouvelle génération que Michel Hazanavicius a opté pour l’animation. Mais contrairement aux prouesses technologiques du genre à Hollywood, il opte pour la 2D, réalisant lui-même tous les dessins en pré-production. Une esthétique sobre, presque impressionniste, qui enlève d’emblée toute sentimentalité. Et qui lui permet de représenter l’horreur des camps lors de plusieurs séquences de puissance dévastatrice.
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Raconté par feu Jean-Louis Trintignant, qui a enregistré sa voix peu avant sa mort l’année dernière, Le bien le plus précieux séduit par sa sobriété formelle, le soir d’une compétition où certains cinéastes s’affolaient avec leurs caméras, parfois sans avoir grand-chose d’intéressant à dire. Si Michel Hazanavicius a lancé la production de son film bien avant l’attentat du 7 octobre et la multiplication des actes antisémites à travers le monde, son message est aussi urgent qu’universel. Le voir figurer sur la liste samedi soir serait tout sauf une surprise.