Le plus grand salon mondial du jeu vidéo ouvre ses portes malgré le blues du secteur
Près de 320 000 visiteurs ont assisté à l’édition 2023 et les organisateurs espèrent revenir aux chiffres de fréquentation pré-Covid, qui étaient d’environ 370 000 participants.
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Plus de licenciements en sept mois que l’année précédente
Mais en coulisses, les studios ont l’air moroses. Selon le décompte effectué par le site Game Industry Layoffs, au moins 11 000 professionnels du secteur ont été licenciés dans le monde au cours des sept premiers mois de 2024, soit déjà plus que pour toute l’année 2023 (environ 10 500).
Dernier exemple notable en date : le développeur et éditeur américain Bungie (créateur des jeux Halo Et Destin), acquis par Sony en 2022, a annoncé le 31 juillet la suppression de 220 postes, soit 17 % de ses effectifs, « en raison de l’augmentation des coûts de développement et des changements dans le secteur, ainsi que des conditions économiques ».
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« Je vois des studios qui m’ont inspiré fermer »
La France n’est pas épargnée : en avril, le studio lyonnais Mi-Clos a cessé ses activités après dix ans d’existence et six jeux produits, laissant une trentaine de salariés sur le carreau. « Je vois des studios qui m’ont inspiré fermer leurs portes et ça me terrifie », confie David Rabineau, développeur français à la tête d’un studio indépendant, Homo Ludens, à Paris.
Cet habitué du salon constate que désormais « les budgets sont plus faibles » et que les éditeurs, qui financent la production des jeux, sont plus sélectifs. « Ils cherchent à prendre de moins en moins de risques », explique-t-il, ce qui a aussi des conséquences sur les contenus car « pour survivre, certains doivent développer des jeux moins risqués et donc moins innovants ».
Pour Stéphane Rappeneau, cofondateur de Weirdloop et professeur d’économie du jeu vidéo à la Sorbonne, ce sont les éditeurs qui subissent de plein fouet la baisse de l’investissement privé. Arrivés durant la période post-Covid où l’industrie du jeu vidéo était en plein boom, ces fonds se tournent désormais vers d’autres secteurs jugés plus prometteurs, comme l’intelligence artificielle. Par effet domino, « les éditeurs répercutent ces difficultés de financement sur les studios », explique l’économiste.
« Cela a été une année tumultueuse », a déclaré Mat Piscatella, analyste chez Circana, une société américaine. Selon lui, le marché des consoles est dans une position difficile « car la PlayStation 5 et la Xbox Series ont dépassé leur pic de ventes », tandis que la Switch de Nintendo, sortie en 2017, approche de la fin de sa durée de vie.
Une pratique dominée par les jeux anciens
Il pointe également du doigt le poids pris par les jeux « trous noirs », ces mastodontes de l’industrie comme Fortnite, Minecraft, Ligue des Légendes, Roblox Et Grand Theft Auto V (GTA), qui captent depuis des années une grande partie du temps et de l’argent des joueurs, au détriment des nouvelles sorties.
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Selon le cabinet Newzoo, en 2023, les jeux publiés avant 2018 représentaient près de 61 % du temps total passé à jouer sur ordinateur et consoles (hors Chine et Inde). Dans un secteur rythmé par les annonces et l’anticipation des sorties futures, « il n’a jamais été aussi difficile de percer pour les nouveaux jeux », confirme Mat Piscatella.
« Malgré tout, je pense que le pire est derrière nous », estime l’analyste, qui espère un retour à une dynamique positive en 2025. Selon lui, l’arrivée l’an prochain de la console qui succédera à la Switch, ainsi que la sortie à l’automne 2025 du mastodonte GTA VI, attendu depuis plus de dix ans, devraient « ramener beaucoup de gens vers les jeux vidéo » et donner un coup de fouet à l’industrie.