Le plus grand dinosaure jamais mis aux enchères est exposé dans un château des Yvelines
Gardez vos chiens en laisse si vous allez admirer « Vulcain » ! Ce fossile d’apatosaure, qui comprend 300 os, a, en effet, élu domicile au château de Dampierre-en-Yvelines, au sud-ouest de Paris, où il sera exposé au grand public à partir du samedi 13 juillet 2024 avant d’être vendu le 16 novembre.
Mesurant plus de 20 mètres de long et composé de 75 à 80 % de ses os d’origine, l’imposant spécimen est le plus grand dinosaure jamais mis aux enchères, avec un prix estimé entre 3 et 5 millions d’euros.
« Le dinosaure le plus gentil et le plus grand »
« Les dinosaures précédemment mis en vente étaient plutôt des carnivores de grande taille, de type tyrannosaures », explique Olivier Collin du Bocage, commissaire-priseur à Drouot et associé pour la vente à la maison Barbarossa.
« Nous avons ici le plus gentil et le plus grand des dinosaures, celui qui est la première icône de parc jurassique et qui se fait voler un morceau de patte par Milou dans Les aventures de Tintinajoute-t-il en souriant. C’est vraiment quelque chose qui résonne dans l’imaginaire collectif. »
Le géant herbivore, qui pesait une vingtaine de tonnes de son vivant et a probablement atteint l’âge de 45 ans, sera présenté dans l’orangerie du domaine des Yvelines, où séjournèrent les rois Louis XIII, Louis XIV et Louis XV.
Deux ans de restauration… dans le Lubéron
« Vulcan » a été découvert en 2018 dans le Wyoming, aux États-Unis, où la loi permet aux particuliers d’acquérir des concessions dans l’espoir d’exhumer des ossements préhistoriques. Financées par un investisseur français, les fouilles ont eu lieu entre 2019 et 2021 et le fossile a ensuite été expédié en France pour y être « traité ».
Ce travail de restauration a été réalisé pendant deux ans par la société Paleomoove Laboratoire dans son atelier du Luberon. « Nous avons reçu de gros blocs de roche enduits, certains pesant plus d’une tonne », décrit Nicolas Tourment, fondateur et directeur de Paleomoove.
« Nous avons ensuite extrait les os de la roche et les avons consolidés. Une fois que nous avions tous les éléments du squelette, nous nous sommes occupés de la structure métallique pour la monter et lui donner une position légèrement mobile », explique-t-il.
Une variété indéterminée
Pour le spécialiste en paléontologie Eric Mickeler, qui a étudié « Vulcain », le sauropode, vieux d’environ 150 millions d’années, a une valeur scientifique considérable.
« Ce ne peut pas être un Apatosaurus Ajax, ce n’est pas un Ferox et ce n’est pas non plus un Louisiae », dit-il. « Il a des caractéristiques de ces trois-là si on les prend séparément, mais aucun d’entre eux n’est complet à 100 %. C’est donc très nouveau », dit le spécialiste.
Autre particularité : le squelette présente une protubérance à la base de la queue, probablement la marque d’une morsure d’un prédateur.
Qui achètera « Vulcan » ?
Le contrat de vente prévoit également que le futur propriétaire s’engage à permettre aux paléontologues d’accéder au dinosaure pour l’étudier.
Afin d’identifier des acheteurs potentiels, Olivier Collin du Bocage compte démarcher « des donateurs, mécènes, fondations et collectionneurs à Dubaï, en Chine et ailleurs » au cours des prochains mois.
Notre dossier « Dinosaures »
Le commissaire-priseur n’exclut pas qu’une institution culturelle française manifeste son intérêt en sollicitant des dons auprès de particuliers. « C’est un formidable moyen de communication pour faire appel au mécénat et permettre au public d’acheter un morceau de dinosaure pour le mettre dans un musée », avance-t-il.