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Le plan de relance de Macron commence par oublier Valdunes


Trith-Saint-Léger (Nord), correspondance privée.

« Nous agissons pour protéger et transmettre. » Sur fond de belles images d’enfants et du globe, les grands panneaux publicitaires arborent des roues et des essieux de chemin de fer fabriqués dans les ateliers de l’autre côté du mur de briques. Sous le nom de l’entreprise, Valdunes, celui de MA Steel a été recouvert de peinture noire. Histoire d’enregistrer l’annonce faite le 5 mai par l’actionnaire chinois qu’il ne mettrait plus un sou dans l’entreprise, dont les deux sites sont situés dans le Nord.

Ici, à Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes, 245 salariés usinent les pièces forgées à 120 km de là, à Leffrinckoucke, près de Dunkerque. Sur les deux sites, la grève, soutenue par la CGT, a immédiatement suivi l’annonce.

« C’était une douche froide »raconte Mathieu Hourdeau, embauché comme tourneur il y a onze ans, en fin de contrat d’apprentissage. « C’est comme ma deuxième famille ici.il se confie. J’aime ce que je fais. Certaines machines, des années 1980, sont plus anciennes que moi. Même s’il y a un besoin d’investissements, ils tournent toujours bien. »

Pour lui, pas question de baisser les bras et d’imaginer une fermeture : « Je suis même prêt à faire un effort, aller à Dunkerque par exemple. Je ne suis pas né avec une auréole sur la tête. Quand j’étais plus jeune, je faisais des bêtises, cette usine m’a sorti la tête de l’eau. »

Le record du monde de vitesse sur rail, remporté en 2007 avec un TGV lancé à 575 km/h

Les roues et essieux de Valdunes ont un beau palmarès, dont le record du monde de vitesse sur rail, remporté en 2007 avec un TGV lancé à 575 km/h. Ce fleuron de l’industrie française appartenait au groupe Usinor, dont le démantèlement, étalé sur des décennies, a commencé tout près d’ici, à Denain, à la fin des années 1970. « Nous étions vraiment fiers d’appartenir à un tel groupe, nous avions notre siège à La Défense »se souvient Diego Crispatzu, un informaticien arrivé à Trith il y a trente ans en tant que stagiaire.

La sortie du groupe Usinor s’est bien passée, dans un premier temps : croissance à l’international, rachats d’entreprises… Suivi, en 2004, de l’arrivée d’un fonds de pension américain, puis du partenariat avec l’allemand GHH, qui a pris seul les commandes avant d’être repris par le concurrent tchèque Bonatrans. Valdunes est alors racheté par le chinois MA Steel, qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’il a injecté 150 millions d’euros dans l’entreprise.

« Mais combien d’investissement dans les outils de travail ? 30 à 40 millions, pas plus. Le reste c’est de la recapitalisation pour couvrir les déficits »souligne Maxime Savaux, délégué CGT chez Trith. « Ils ont augmenté les fonds propres, investi des miettes et n’ont rien changé à l’organisation. Si vous mettez de l’eau dans un panier qui fuit, elle continue de couler »commente Gaëlle, qui travaille au service expédition. « Ils souhaitaient acquérir le savoir-faire et les agréments pour les marchés du haut débit, décrypte Maxime Savaux. Maintenant, ils savent comment… »

Une part importante de la production rapatriée en Chine et Valdunes n’a récupéré que les miettes

Une partie importante de la production a été rapatriée en Chine et Valdunes n’a récupéré que les miettes. Ainsi, en 2022, lorsque MA Steel remporte des commandes que les concurrents russes et ukrainiens ne peuvent plus honorer à cause de la guerre, l’entreprise du Nord s’adjuge moins de 1 000 roues sur un marché de 10 000 ! De 515 emplois en 2018, les deux sites n’en comptent que 340…

Depuis le 5 mai, plusieurs élus sont venus au piquet de grève, le communiste Fabien Roussel – qui demande « c’est à l’Etat de répondre présent et de garantir un avenir » à l’entreprise et aux salariés ; l’écologiste Marine Tondelier ; l’insoumis François Ruffin, mais aussi le député RN de Denain, Sébastien Chenu.

La solidarité s’organise. La municipalité de Trith a prêté des cabanes pour le piquet, livré de la nourriture et même… des parapluies pour les jours de pluie. « Annoncer des créations d’emplois à Dunkerque (avec l’installation d’une usine de batteries à capitaux taïwanais – ndlr) c’est très bien, mais il faut aussi sauver ce qui existe », souligne le maire, Dominique Savary (PCF), rencontré lundi 15 mai devant l’usine. Il a écrit à Emmanuel Macron pour lui demander de mettre ses actes en cohérence avec ses discours sur « la nécessité de réindustrialiser notre pays ».

« Nous avons 4 mois pour trouver un repreneur »

Le tribunal de commerce s’est saisi de la situation à Valdunes, tandis que diverses réunions ont eu lieu avec les ministères de l’économie et de l’industrie. « Pour eux, la nationalisation est un gros mot »rapporte Ludovic Bouvier, responsable régional de la CGT métallurgie, qui a participé à l’une de ces réunions. « Dans ce cas, ne parlons pas de souveraineté nationale »commente-t-il.

Pour les ministères de l’Economie et de l’Industrie, la nationalisation est un gros mot. Dans ce cas, ne parlons pas de souveraineté nationale » Ludovic Bouvier, responsable régional de la métallurgie CGT

Or, l’activité de Valdunes correspond parfaitement à « l’industrie verte » promue par le gouvernement. Ce dernier n’envisage qu’une aide financière à un éventuel repreneur et l’annulation des cotisations sociales pour faire face à l’urgence. « Il reste 7,5 millions d’euros dans les caisses. Nous avons quatre mois pour trouver un acheteur.annonce, vendredi 12 mai, Maxime Savaux devant environ 80 grévistes.

Un repreneur capable d’attendre plusieurs années un retour sur les investissements nécessaires, chiffrés l’an dernier par le cabinet Grant Thornton entre 30 et 40 millions d’euros pour le site de Leffrinckoucke et une quinzaine pour celui de Trith. « Il va falloir rester unis, car pas de Valdunes sans la forge (de Leffrinckoucke) »prévient Maxime Savaux.

Le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a évoqué sur France 3 une « surcapacité » outil industriel de Valdunes. La forge a un carnet de commandes d’environ 25 000 roues pour 2022. Si l’on ajoute à cela les besoins annuels de la SNCF, d’environ 40 000 roues, on se rapprocherait de la capacité du site de Leffrinckoucke, de 90 000 roues.

Encore faut-il que la SNCF joue le jeu, elle qui passe désormais la majorité de ses commandes à l’espagnol CAF, l’italien Lucchini ou le tchèque Bonatrans. Et qui est l’actionnaire de la SNCF ? L’Etat français.


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Cammile Bussière

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