Le phénomène Karlos Nasar domine la compétition

L’un des charmes des Jeux olympiques est de découvrir des athlètes qui sont des stars dans leur sport – généralement peu médiatisé – et dans leur pays, mais dont la renommée n’a pas dépassé leurs frontières. Le Bulgare Karlos Nasar appartient à cette catégorie. Depuis trois ans, le petit monde de l’haltérophilie ne parle que de lui, comme d’un phénomène de précocité et de force.

Il n’avait que 17 ans – et était encore dans la catégorie junior – lorsqu’il a remporté son premier titre mondial senior en 2021, battant le record du monde de l’épaulé-jeté, l’un des deux mouvements de l’haltérophilie, dans la catégorie des moins de 81 kg.

Il lui a fallu attendre ses 20 ans pour devenir champion olympique des moins de 89 kg, vendredi 9 août à la Paris Sud Arena de la Porte de Versailles, devant quelques centaines de supporters bulgares parmi lesquels le Premier ministre Dimitar Glavtchev et l’ancien Ballon d’Or Hristo Stoïtchkov.

Sur la scène de compétition, Karlos Nasar dégage un mélange de confiance et de décontraction. Sûr de sa force, il n’hésite pas à interagir avec le public et à solliciter son soutien. Il n’a eu besoin que de cinq tentatives (sur six) pour écraser toute opposition et établir deux nouveaux records du monde dans la catégorie, à l’épaulé-jeté (224 kg) et au total olympique (404 kg). Son dauphin, le Colombien Yeison Lopez, a soulevé quatorze kilos de moins.

Le nouveau roi de l’haltérophilie est né à Paris

Les spécialistes disent qu’il n’est pas forcément le plus puissant mais que le mouvement de genou qu’il utilise pour soulever la barre est d’une efficacité inégalée. Avec lui, la Bulgarie réapparaît sur la carte mondiale de l’haltérophilie, après en avoir été longtemps un acteur majeur et dont le dernier titre dans cette discipline remontait aux Jeux d’Athènes en 2004.

Mis à mal par la multiplication des cas de dopage, l’haltérophilie bulgare a dû se retirer des Jeux de Pékin en 2008, puis a été bannie de ceux de Rio en 2016.

Karlos Nasar n’a jamais été contrôlé positif aux drogues, mais il s’est retrouvé au centre d’une affaire embarrassante en juillet 2022. Conduisant une voiture sans permis et ivre dans la station balnéaire bulgare de Pomorie, il a refusé de s’arrêter lors d’un contrôle de police. Après une course-poursuite d’une vingtaine de kilomètres, il a été arrêté.

Il a finalement avoué avoir consommé des amphétamines et des méthamphétamines ce jour-là, des substances considérées comme du dopage, mais n’a pas été suspendu par les autorités sportives en raison de l’absence de tests appropriés. Le jeune homme a plaidé coupable et s’est excusé auprès du tribunal, qui l’a condamné à sept mois de prison avec sursis, trois ans de probation et une amende de 450 levas (230 euros).

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