Le pétrole plonge au plus bas depuis février après l’OPEP+ – 03/06/2024 à 21:54
Le prix du pétrole Brent a plongé en dessous de 80 dollars après que l’OPEP+ a annoncé qu’elle mettrait fin à une de ses réductions de production à partir d’octobre (AFP / CESAR MANSO)
Statu quo ou baisse des prix ? Le marché pétrolier a pris une décision lundi, le prix du pétrole Brent a plongé sous la barre des 80 dollars après que l’OPEP+ a annoncé dimanche qu’elle mettrait fin à une de ses phases de réduction de production à partir d’octobre.
Le Brent de la mer du Nord, la référence pétrolière en Europe, a perdu 3,39% lundi, passant sous la barre des 80 dollars à 78,36 dollars. Le WTI, son équivalent américain, a chuté de 3,59% à 74,22 dollars. Chacun est désormais à son plus bas niveau depuis février.
Pour Tamas Varga, analyste de PVM Energy interrogé par l’AFP, la baisse des prix est liée à la réunion de l’OPEP+ de la veille, « le marché étant déçu que le groupe assouplit progressivement certaines de ses limitations de production malgré l’absence de signes tangibles d’amélioration de la demande ». .
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés de l’alliance OPEP+ ont en effet annoncé une prolongation des réductions de production en cours jusqu’à fin septembre, avant de remettre progressivement les barils sur le marché au cours des 12 mois suivants. Dès octobre 2024 donc.
Cette réunion au format hybride inédit, tant en visioconférence qu’en présentiel à Riyad, a permis de préciser quand le groupe envisage « d’abandonner sa politique de réduction de l’offre », explique Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote.
Et même si les réductions de production sont maintenues au troisième trimestre, Goldman Sachs qualifie la décision dans une note de « baissière », autrement dit le fait que l’OPEP+ décide d’ouvrir les vannes pétrolières à partir d’octobre est baissier pour le marché.
« Cette décision intervient à un moment où l’incertitude sur les perspectives de la demande chinoise a pesé sur les matières premières mondiales », rappelle également à l’AFP Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.
– Plus de barils –
Dans le détail, les membres de l’OPEP+ réduisent actuellement leur production à trois niveaux : d’abord au niveau du groupe, avec des objectifs officiels de production réduits de 2 millions de barils par jour (mbj) depuis fin 2022. Ces quotas officiels ont été prolongés jusqu’à fin 2025. .
Viennent ensuite des réductions volontaires pour certains adhérents, annoncées en avril 2023, de l’ordre de 1,65 mbj au total, également prolongées jusqu’à fin 2025.
Enfin, huit membres (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Algérie, Irak, Koweït, Kazakhstan, Oman et Russie) ont procédé à des réductions volontaires supplémentaires d’environ 2,2 mbj en novembre 2023. À l’issue de la réunion de dimanche, ces réductions supplémentaires ont été prolongées jusqu’à la fin de l’année. Septembre 2024.
En résumé, les trois réductions OPEP+ totalisent un peu moins de 6 mbj, et sont toutes prolongées au moins jusqu’en septembre. Cet assemblage complexe avait initialement fait évoluer les prix du marbre brut.
Les Émirats arabes unis ont toutefois obtenu dimanche une augmentation de leur quota officiel de production de 300 000 barils par jour, qui sera mis en œuvre progressivement de janvier à septembre 2025.
Avec la fin des réductions volontaires supplémentaires et l’augmentation de l’objectif de production des Émirats arabes unis, l’OPEP+ pourrait réintroduire 2,5 mbj de septembre 2024 à septembre 2025.
Réintroduire ces barils sans inonder le marché ni plonger les prix dans le rouge s’annonce comme un véritable casse-tête pour le groupe élargi, surtout « si les perspectives de demande restent négatives », note Lukman Otunuga.
Selon les analystes de la DNB, le groupe des pays exportateurs devra même déplorer la perte du baril de Brent à plus de 80 dollars « si (l’alliance) agit comme prévu », ne voyant « pas de place pour des barils supplémentaires de l’OPEP+ sur le marché’.
Le groupe a toutefois rappelé qu’il conservait la possibilité d’arrêter, voire d’inverser la sortie d’une de ses tranches de réduction de production si les conditions de marché se dégradaient. Comprenez si les prix baissent.