L’aura d’un festival dépend aussi de cela. De la qualité de l’accueil, qui crée le bouche-à-oreille et les réputations. En quinze ans de présence, Annaïg Bouguennec, qui dirige l’équipe de bénévoles chargée d’accueillir les artistes, assure n’avoir eu « aucune mauvaise surprise. C’est super fluide et dans la bonne humeur. Les artistes sont souvent très sympas, certains viennent facilement vers nous ». Preuve que le travail de Landerneau doit être prudent. Ou que le rock and roll est devenu la norme, selon le point de vue, sous le joug de managers qui tiennent leurs ouailles d’une main plus ferme qu’avant. Finies les exigences folles impossibles à satisfaire et les stars ingérables, l’affaire semble aujourd’hui parfaitement rodée. Bien sûr, l’équipe de bénévoles a dû fouiller un peu pour trouver du « porridge instantané au sirop d’érable » (merci les Anglais) et farfouiller un peu plus loin que Landerneau pour trouver du maté, mais rien d’impossible.
Bio et local
« On fait tout pour répondre au mieux aux demandes. Et si on n’a pas réussi à trouver quelque chose, c’est que beaucoup de festivals n’ont pas pu non plus », assure la Nantaise Lucie, qui prend ses jours de congés pour accompagner Régie Scène à Saint-Nolff, Landerneau, ou au festival Insolent à Lorient. C’est un mois avant la date qu’Annaïg Bouguennec recueille les exigences des responsables de tournée concernant la nourriture et les boissons à mettre à disposition, dans un esprit de plus en plus écolo, selon la responsable. « On reçoit en avance les demandes, ce qu’il faut prévoir pour les cars de tournée et les loges. Cela nous permet d’anticiper. Beaucoup de groupes nous demandent des produits bio ou locaux, de l’eau minérale en bouteille de verre. La bière qu’on leur sert est locale, cela fait tourner les brasseries de la région. » Quelques supermarchés, quelques épiceries spécialisées, et quand le grand jour arrive, tout est prêt.
Du matin au soir
Car le matin de la Fête du bruit, le grand ballet des arrivées commence. Installées au Family, quatorze loges sont prévues pour accueillir les artistes, dont certaines peuvent se déplacer jusqu’à 70 personnes, à l’image de Shaka Ponk, attendu dimanche à Landerneau. Et pour répondre à chaque instant aux attentes des invités prestigieux, l’équipe d’accueil, composée d’une quinzaine de membres, est organisée en 3×8, comme l’explique Annaïg Bouguennec. « Il y a une équipe du matin, qui démarre à 6h30, celle de l’après-midi, de 14h à 22h, et une dernière équipe qui est présente à partir de 22h jusqu’au bout de la nuit. On se croise. » Avec toujours la même idée en tête, celle d’assurer le confort des artistes, entre discrétion et disponibilité. En préparant les loges la veille, une fois le lieu nettoyé. « C’est un moment de détente pour eux, il faut que ce soit leur cocon, que chacun respecte son intimité. »
Une grande famille
Un credo transmis au fil des années dans une équipe qui se considère avant tout comme une grande famille. La famille Bouguennec d’abord, car il y a la mère Armelle et la sœur Maïwenn, qui entourent Annaïg. Mais aussi toutes les autres, car des liens indéfectibles se sont tissés entre elles au fil des années. « Le festival est un prétexte pour nous retrouver », assure à l’unisson un groupe que les années n’ont guère bouleversé. « C’est quasiment la même équipe depuis le début, on a réussi à créer un noyau qui fonctionne bien », confirme le gérant. Le cercle s’est même élargi aux enfants, avec la volonté de transmettre de génération en génération un certain sens de l’hospitalité qui fait la réputation de la maison.