Le Pentagone annule un accord controversé avec les cerveaux du 11 septembre
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a brusquement révoqué l’accord de plaidoyer qu’il avait conclu avec Khalid Sheikh Mohammed (KSM), le cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001, et ses deux coaccusés. Cette décision, annoncée discrètement vendredi soir, intervient deux jours seulement après que le Pentagone a annoncé avoir conclu un accord avec les accusés.
Fruit de plus de deux ans de négociations, l’accord initial aurait épargné aux accusés la peine de mort en échange de leur reconnaissance de culpabilité pour tous les chefs d’accusation, y compris le meurtre des 2 976 victimes citées dans l’acte d’accusation. Cette démarche visait à éviter un procès long et complexe, entaché de questions sur la recevabilité des preuves obtenues sous la torture.
L’annonce de l’accord a cependant suscité un tollé dans les deux partis. Le sénateur démocrate Richard Blumenthal s’est inquiété du fait que certains intérêts n’aient pas été représentés équitablement. Le sénateur républicain Lindsey Graham a averti que l’accord « envoie un signal terriblement erroné à un moment très dangereux ». Face à la tempête politique, Austin a pris la mesure inhabituelle de retirer Susan Escallier, la responsable des commissions militaires, du conseil et de se réserver le pouvoir de décision. Dans sa note, il a déclaré que la responsabilité d’une décision aussi importante « devrait lui incomber ». Ce revirement met en évidence les difficultés constantes du gouvernement américain à traduire en justice les accusés du 11 septembre. Depuis 2001, les efforts pour juger les hommes ont été entravés par des obstacles juridiques et politiques qui s’étendent sur plusieurs administrations. L’ancien procureur général Eric Holder a déclaré que son projet de 2009 de juger les accusés devant un tribunal civil à Manhattan aurait probablement résolu l’affaire depuis longtemps. Mais l’opposition politique a relégué l’affaire devant les tribunaux de Guantanamo, qui ont été embourbés dans des retards. Alors que le monde entier observe la situation, l’administration Biden est confrontée à un défi de taille : trouver un équilibre entre la quête de justice pour les victimes du 11 septembre et le respect des principes juridiques fondamentaux de l’Amérique.