Le patron de Telegram, Pavel Dourov, a été interpellé samedi 24 août au soir à l’aéroport du Bourget, près de Paris, après qu’un mandat de perquisition a été émis contre lui par les enquêteurs français visant diverses violations de son service de messagerie cryptée, ont indiqué des sources proches du dossier, confirmant des informations de TF1 et LCI.
Accompagné de son garde du corps et de son assistant qui le suivent en permanence, le milliardaire franco-russe de 39 ans a été interpellé entre 19h30 et 20h. Il venait de Bakou et devait passer au moins la soirée à Paris où il avait prévu de dîner, a ajouté une autre source proche du dossier.
Pavel Dourov, devenu citoyen français en 2021 grâce à une procédure exceptionnelle, doit comparaître dimanche devant le tribunal.
L’OFMIN, chargé de lutter contre la violence envers les mineurs, avait émis un mandat de recherche, en tant que service de coordination d’une enquête préliminaire impliquant différents services d’enquête, pour des délits allant de l’escroquerie, au trafic de drogue, à la cyberintimidation, au crime organisé, y compris l’apologie du terrorisme et à l’escroquerie, a expliqué l’une des sources proches du dossier.
Manque de modération
Les tribunaux ont accusé Pavel Durov de ne pas avoir pris de mesures (manque de modération et de collaboration avec les enquêteurs) contre l’utilisation criminelle de son service de messagerie par ses abonnés. « Assez de l’impunité de Telegram »a déclaré l’un des enquêteurs, étonné que le milliardaire, se sachant recherché en France, ait décidé de venir quand même à Paris.
Le service de messagerie en ligne lancé en 2013 par Pavel Durov et son frère Nikolaï, sur lequel les communications sont cryptées de bout en bout et dont le siège est à Dubaï, s’est positionné à contre-courant des plateformes américaines, critiquées pour leur exploitation commerciale des données personnelles. Il s’est engagé à ne jamais dévoiler d’informations sur ses utilisateurs.
Dans l’une de ses rares interviews, Pavel Durov avait déclaré en avril à Dubaï avoir eu l’idée de lancer un service de messagerie cryptée après avoir subi de fortes pressions de la part des autorités russes à l’époque de VK, un réseau social qu’il avait créé dans son pays d’origine avant de le vendre et de quitter la Russie en 2014.
Risque de circulation virale de fausses informations
Il a ensuite tenté de s’installer à Berlin, Londres, Singapour et San Francisco avant d’opter pour Dubaï, où il a salué l’environnement des affaires et « neutralité ». « Je pense que nous faisons du bon travail avec Telegram, avec 900 millions d’utilisateurs qui dépasseront probablement le milliard d’utilisateurs actifs mensuels d’ici un an »il a dit.
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Dans l’émirat du Golfe, Telegram s’est protégé des règles de modération étatiques, à un moment où l’Union européenne et les États-Unis font pression sur les grandes plateformes pour qu’elles suppriment les contenus illégaux.
Avec ses groupes de discussion pouvant accueillir jusqu’à 200 000 personnes, le service de messagerie est parfois accusé d’accroître le potentiel viral des fausses informations et la prolifération de contenus haineux, néonazis, pédophiles, complotistes ou terroristes.