Sans parité de prix prochainement entre véhicules thermiques et électriques, l’industrie automobile est en grand danger selon Carlos Tavares, le patron de Stellantis.
Avec des résultats en forte baisse au premier semestre 2024, Stellantis n’échappe pas au début de la crise qui secoue actuellement l’industrie automobile. Au sein du groupe Volkswagen, les choses ne vont guère mieux, avec un plan économique draconien qui pourrait être mis en œuvre dans les prochaines semaines.
Du côté de Stellantis, on n’en est pas encore là. Disons que les économies réalisées par le groupe ces dernières années et la rationalisation dans de nombreux secteurs lui ont permis de tirer son épingle du jeu dans cette période de trouble. En Europe, Stellantis souffre moins que les autres pour le moment, avec une gamme de produits qui pourrait permettre aux constructeurs qui composent le groupe de répondre aux objectifs de la norme CAFE qui entrera en vigueur en 2025.
Stellantis ébranlé sur plusieurs marchés
Aux États-Unis, la situation est toutefois plus délicate. Les concessionnaires ne sont pas vraiment ravis de la tournure que prennent les choses chez les marques américaines, comme Chrysler ou Dodge par exemple. Ces dernières signalent une « une véritable catastrophe est actuellement en cours »En Europe, les problèmes sont différents et le législateur fait pression sur les constructeurs pour vendre plus de véhicules électriques, tout en réduisant ou en supprimant les subventions.
Même si Stellantis semble être plutôt bien armé par rapport aux autres, cela met le groupe dans une situation instable puisque Les véhicules électriques restent généralement beaucoup plus chers que les modèles thermiquesAvec les normes CAFE, les constructeurs devront globalement réaliser environ 25 % de leurs ventes en électrique pour rester dans le coup et éviter de lourdes amendes. Et si ce n’est pas le cas, la vente d’hybrides pourrait réduire la facture, tandis que les mise en communc’est à dire que l’achat de crédits carbone à d’autres constructeurs qui ont de la marge (comme Volkswagen l’a fait avec Tesla en 2021) peut aussi être une solution.
Quelles solutions pour éviter une catastrophe ?
Cependant, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, pense que l’industrie traverse une période de turbulences, et qu’il pourrait y avoir des dommages, comme il l’annonce depuis plusieurs années et l’adoption forcée des véhicules électriques : « Pour survivre, nous devons parvenir à une parité de prix entre les voitures électriques et les voitures à moteur thermique, mais c’est un autre chapitre. Nous évoluons dans une zone géographique chaotique et il est difficile de faire des prévisions. Les gouvernements ont décidé de réduire les subventions à l’achat et cela freine le marché. »
« L’industrie automobile est en quelque sorte en mode survie : nous n’avons plus peur. Nous ne pouvons plus nous plaindre, nous ne pouvons plus hésiter, nous devons concentrer nos efforts pour rester en vie. »
Le marché des véhicules électriques ralentit en Europe, notamment avec la fin brutale des subventions en Allemagne. Volkswagen ne vend pas assez de voitures électriques, tandis que Stellantis a dû arrêter l’usine qui assemble la Fiat 500 électrique pendant un mois en raison du manque de demande. La part de marché des voitures 100 % électriques a diminué au cours des sept premiers mois de 2024 dans l’Union européenne, de 14,3% à 13,8%Selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles, en France, les aides gouvernementales ont permis de maintenir une certaine stabilité, avec une part de marché comprise entre 15 et 18% selon les mois.
Malgré ces obstacles, Carlos Tavares ne veut pas que l’UE retarde la mise en œuvre de nouveaux objectifs en matière de CO2.2. « Ce serait surréaliste de changer les règles maintenant »a-t-il déclaré à l’AFP il y a quelques jours.
« Mes voitures sont prêtes, mes employés sont prêts et nos usines sont prêtes. Pourquoi attendre ? Le réchauffement climatique n’est-il plus un problème ? En ce moment même, la moitié du Portugal brûle. »