La Chine est confrontée à un défi démographique majeur, marqué par un vieillissement de la population et une baisse du taux de natalité. En réponse, le régime de Xi Jinping a décidé de relever l’âge de la retraite.
Malgré la fin de la politique de l’enfant unique en 2016, les naissances ne reprennent pas en Chine, augmentant la pression sur le système de protection sociale. Face à cette situation partagée par de nombreux pays, Pékin a annoncé une augmentation progressive de l’âge de départ à la retraite, actuellement fixé à 50 ans pour les femmes et 60 ans pour les hommes.
Selon un communiqué de l’agence de presse officielle Xinhua, à partir de janvier 2025, l’âge de la retraite sera progressivement relevé à 63 ans pour les hommes et 55 ou 58 ans pour les femmes, selon leur profession. Cette réforme s’étendra sur 15 ans et s’accompagnera d’une augmentation du nombre d’années de travail requises pour obtenir une pension, qui passera de 15 à 20 ans d’ici 2030.
Le régime chinois contraint de réformer les retraites
Le vieillissement accéléré, couplé à un taux de natalité très bas, oblige les autorités à agir. Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans est passé de 126 millions en 2000 à 280 millions en 2022 et pourrait atteindre 400 millions en 2035, selon les prévisions officielles du régime dirigé par Xi Jinping. Cette situation est aggravée par une baisse de la natalité, liée à la politique de l’enfant unique en vigueur de 1980 à 2016 et au coût de la vie.
Cette transition démographique s’accompagne d’une rupture progressive avec l’éthique familiale traditionnelle. Autrefois, les enfants prenaient soin de leurs parents âgés, mais l’exode rural et la pression économique des jeunes générations compliquent cette tâche.
Un système familial traditionnel en fin de vie
Dans les villes, les enfants doivent financer leur logement et leur éducation, ce qui les empêche souvent de s’occuper de leurs parents. Les maisons de retraite se multiplient pour pallier cette situation. « Le marché est en croissance car la plupart du temps, les enfants ne peuvent pas être avec leurs parents », explique au Monde Pang Qing, la directrice de la Maison du bonheur et de l’harmonie.
Malgré cette solution, la transition reste difficile pour de nombreuses familles. Beaucoup se sentent encore coupables de laisser leurs parents dans une maison de retraite, car cela rompt avec les traditions familiales.
Ce nouveau modèle, bien que pratique, ne parvient pas à apaiser les tensions générées par le vieillissement rapide de la population et la baisse de la natalité. Les autorités chinoises justifient cette réforme par la nécessité d’une réponse à une société où l’espérance de vie et le niveau d’éducation augmentent. Mais le groupe de recherche britannique The Economist Intelligence Unit estime qu’elle ne résoudra pas à elle seule les problèmes démographiques.
Selon He Yafu, expert en démographie interrogé par l’AFP, la seule véritable solution réside dans une politique plus ambitieuse d’encouragement à la natalité, sans laquelle la Chine continuera à faire face à un déséquilibre croissant entre une population vieillissante et une population jeune démographiquement insuffisante pour soutenir l’économie.