Le patron du cinéma français reconnu coupable d’agression sexuelle sur son filleul
Le patron du cinéma français était poursuivi pour une agression sexuelle sur son filleul dans sa maison de vacances en Grèce en 2020. Dominique Boutonnat a reconnu des baisers consentis.
Il avait reconnu une « faute morale » mais avait nié toute intention sexuelle. Le tribunal correctionnel de Nanterre n’a pas fait la même lecture. Dominique Boutonnat, patron du cinéma français, a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis. pour l’agression sexuelle de son filleul, de 29 ans son cadet, lors d’une nuit en Grèce en 2020.
Lors de l’audience du 14 juin, le président du tribunal a prévenu que ces affaires de violences sexuelles sont difficiles à juger. Deux versions s’opposaient à la barre. Celle de Sacha*, 19 ans à l’époque, qui avait, longuement, non sans mal, témoigné du « choc » ressenti par le comportement de son parrain, un homme qu’il décrivait comme un second père, à l’issue d’une soirée et d’une nuit d’été bien arrosée sur l’île de Kos.
Pour le parquet, les faits se rapprochaient « très près de quelque chose qui aurait été criminel ». Le procureur avait requis trois ans de prison avec sursis contre le puissant patron du 7e art. Pour le tribunal, qui a justifié sa décision, le contexte relationnel – Dominique Boutonnat étant un ami des parents du jeune homme, son parrain – pourrait traduire une forme d’influence, les variations des versions du patron du CNC, mais aussi son insistance avec Sacha qu’il garde le secret de cette nuit-là, caractérise l’infraction.
« Le tribunal a donc considéré que la version du jeune homme était beaucoup plus crédible », a conclu le président du tribunal.
Pour le jeune homme, il y a eu ce bain de minuit inconfortable, puis des photos au lever du soleil alors qu’il était nu et un premier baiser forcé, des frottements. Il est « terrifié » par l’excitation de Dominique Boutonnat, ses tentatives de le masturber, son insistance à appuyer sur sa tête « avec beaucoup de force » pour qu’il lui fasse une fellation. « Je le regarde pour essayer de trouver mon parrain, c’est extrêmement humiliant. Je vois quelqu’un de complètement différent dans ses yeux, ce n’est plus mon parrain », a-t-il soufflé au tribunal.
« Faute morale »
Dominique Boutonnat a donné une toute autre version. Pour lui, la soirée s’est résumée, froidement, à un baiser sur la bouche, mais consenti, avec le fils de ses meilleurs amis. « Je l’embrasse, je le prends dans mes bras, explique-t-il. Et puis ça bascule d’un baiser sur la joue à un baiser sur la bouche avec la langue que je ne renie pas, que j’accepte, quelque chose d’assez tendre, d’assez affectueux. »
Le président du Centre national du cinéma (CNC) décrit un basculement « progressif » entre « quelque chose de très tendre et quelque chose de sexuel », mais à l’initiative du jeune homme. «J’ai l’impression que les choses pourraient devenir incontrôlables», se souvient-il, affirmant avoir quitté la chambre de son filleul avant que les choses n’aillent plus loin.
Quelques jours plus tard, Sacha appelle son parrain, « mort cette nuit-là » à ses yeux, pour faire le point, couper les ponts. Lors de cette conversation téléphonique, diffusée à l’audience, Dominique Boutonnat insiste, au point d’être « pesant » précisera la présidente du tribunal, sur le fait que les événements de cette nuit du 3 au 4 août 2020 restent entre eux. « J’ai laissé aller jusqu’à un certain point qui est assez désagréable à dire. Il y a quand même quelque chose que j’ai laissé se passer… » Dominique Boutonnat s’est défendu, espérant que sa « faute morale » ou le tuerait.
« Cette affaire est la parfaite démonstration de ce qu’est une agression sexuelle, a réagi Me Toby, l’avocat du jeune homme. L’abus d’autorité et la notion de contrôle ont été reconnus par les tribunaux. Le statut de victime de mon client a été reconnu, ce qu’il attendait de ce procès. »
* Le prénom a été modifié.