Le patron de Stellantis hostile aux droits de douane sur les voitures électriques chinoises
Carlos Tavares, patron de Stellantis, n’apprécie pas la décision des États-Unis de quadrupler les droits de douane, à 100 %, sur les voitures électriques chinoises.
» Lorsque vous créez une bulle autour d’un marché, qui peut être le marché américain ou le marché européen, la première chose que vous créez est une énorme inflation à l’intérieur de la bulle. » estime sur France 2 Carlos Tavares, dont le groupe regroupe des marques françaises (Peugeot, Citroën), italiennes (Fiat, Alfa Romeo…) mais aussi américaines (Chrysler, Dodge).
» Et si vous créez une inflation énorme à l’intérieur de la bulle, vous fragilisez le pouvoir d’achat des classes moyennes (…) et vous accentuez le retard technologique des constructeurs qui sont à l’intérieur de la bulle par rapport à ceux qui conquièrent le monde. », a poursuivi le manager, interviewé dans l’émission « L’événement « .
Pour rappel, la Maison Blanche a annoncé mardi une nette augmentation des droits de douane appliqués à l’équivalent de 18 milliards de dollars de produits chinois. Ces nouveaux droits de douane concernent près d’une dizaine de secteurs industriels considérés comme « stratégique « . Les voitures électriques verront leurs droits de douane augmenter de 25 % à 100 %.
Les réserves de l’Allemagne et de la Suède
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre suédois Ulf Kristersson ont également exprimé mardi leurs réserves quant à l’introduction de droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois, en réaction au durcissement américain sur ce dossier. » En matière de droits de douane, nous convenons que le démantèlement du commerce mondial est une mauvaise idée », a déclaré le chef du gouvernement suédois lors d’une conférence de presse, au deuxième jour de la visite de la chancelière allemande dans le pays scandinave.
Invitée à réagir à cette décision, la chancelière allemande a souligné que 50 % des importations de véhicules électriques en provenance de Chine étaient aujourd’hui le produit de constructeurs occidentaux. « Il y a des constructeurs européens et nord-américains qui réussissent sur le marché chinois et qui vendent leurs véhicules en Chine, il faut en tenir compte « , a-t-il précisé, soulignant l’importance de » métiers » entre les marchés occidentaux et chinois.
Stellantis ouvre les portes de l’Europe au chinois Leapmotor
Par ailleurs, mardi 14 mai, jour de cette annonce du président américain Joe Biden, Carlos Tavares a officialisé en Chine une stratégie commune avec son partenaire local Leapmotor, à qui il ouvrira les portes de l’Europe. Les deux partenaires ont fondé une coentreprise produisant des véhicules électriques à l’échelle internationale, qui livrera ses véhicules à partir de septembre en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas.
Face à d’éventuelles barrières douanières – l’Union européenne a ouvert une enquête en septembre 2023 sur les subventions accordées par la Chine à son secteur des véhicules électriques – Leapmotor envisage de produire à terme des véhicules en Europe, à l’instar de BYD qui a annoncé la construction d’une usine en Hongrie, ou récemment Chery en Espagne. Cela rendrait ses véhicules éligibles à la prime à l’achat en France, indispensable pour rendre l’électrique accessible aux automobilistes de la classe moyenne. Deux modèles inaugurent l’offre : le petit T03, avec son autonomie limitée à 265 kilomètres, et le plus classique SUV C10 seront commercialisés en fin d’année. Deux berlines et deux SUV devraient suivre dans les années à venir. En plus de ses concurrentes made in China comme la Dacia Spring, la petite Leapmotor affronterait ainsi la future Renault Twingo ou la Tesla d’entrée de gamme.
» Un plus un fera certainement plus de deux » (Leapmoteur)
» Nous serons en mesure d’introduire plus rapidement des véhicules électriques abordables sur nos marchés, ce qui contribuera non seulement à la croissance rentable de Leapmotor, à la croissance rentable de Stellantis (…), mais qui contribuera également plus rapidement et plus efficacement à résoudre le problème. du réchauffement climatique que nous devons résoudre », a noté Carlos Tavares.
Selon Zhu Jiangming, fondateur de Leapmotor, la coentreprise pourrait aider l’entreprise chinoise à faire face à « incertitude politique et régionale « . » Grâce aux atouts de Stellantis, un plus un fera certainement plus de deuxx », a déclaré le dirigeant chinois plus tôt cette semaine lors d’une conférence de presse conjointe avec Stellantis à Hangzhou, la ville natale de Leapmotor.
On lui a demandé si l’accord avec Leapmotor ne équivalait pas à « amène le loup dans le bercail », le patron du groupe automobile français a fait valoir que toute vente de Leapmotor en Europe se traduirait par des bénéfices pour Stellantis, qui au passage paiera des impôts en France et en Europe. » Et donc nous avons simplement pris les devants. Nous n’avons pas attendu qu’il y ait des fabricants chinois assez grands pour acheter des fabricants occidentaux. « .
(Avec l’AFP)