L’Autriche s’apprête à vivre dimanche un moment politique crucial avec des élections législatives qui pourraient, pour la première fois dans l’histoire du pays, être remportées par le Parti de la liberté (FPÖ), parti d’extrême droite. dirigé par le radical Herbert Kickl.
Le FPÖ, déjà arrivé au pouvoir par le passé, n’a jamais terminé premier lors d’une élection nationale. Aujourd’hui, galvanisé par sa victoire aux élections européennes de juin, il espère transformer la tentative, malgré les incertitudes sur sa future participation au gouvernement.
Un duel serré avec les conservateurs
Les sondages placent le FPÖ en tête avec 27% des intentions de vote, juste devant le Parti populaire autrichien (ÖVP) de Karl Nehammer, crédité de 25%. Bien que suivi de près par les conservateurs, Herbert Kickl reste confiant et a mobilisé ses partisans vendredi soir au cœur de Vienne. « Il faut ouvrir une nouvelle page », a-t-il déclaré, promettant « cinq bonnes années » à ses partisans.
De son côté, Karl Nehammer a lancé un appel à voter pour la « stabilité » et contre « le radicalisme » du FPÖ. Depuis le siège de l’ÖVP, il a insisté sur la nécessité d’éviter le « chaos », tout en laissant entendre qu’une coalition avec le FPÖ pourrait être envisagée, même si rien n’est encore sûr.
Une campagne dominée par les crises
Durant la campagne, Karl Nehammer a bénéficié de sa gestion des inondations provoquées par la tempête Boris, qui ont temporairement suspendu les débats politiques, lui permettant de gagner du terrain. Son parti a également réussi à se repositionner comme une force centriste, se distinguant de l’extrême droite du FPÖ et de la gauche représentée par les sociaux-démocrates (SPÖ), crédités de 20 % des voix.
L’ÖVP, qui gouverne actuellement en coalition avec les Verts, pourrait, selon les experts, conserver la chancellerie. Cependant, la question de savoir avec quels partenaires reste ouverte. Si l’ÖVP et le FPÖ se retrouvent au coude à coude, une alliance entre ces deux forces pourrait être envisagée, comme ce fut le cas en 2000 et 2017. Toutefois, une victoire écrasante du FPÖ compliquerait les négociations, car l’ÖVP refuserait jouer le rôle de partenaire minoritaire au sein du gouvernement.
Le programme controversé d’Herbert Kickl
Herbert Kickl, 55 ans, a pu relancer le FPÖ après le scandale de l’Ibizagate qui avait éclaboussé le parti. Il a adopté une stratégie populiste, critiquant vivement les mesures liées au Covid-19, l’inflation, la politique climatique et les sanctions contre la Russie. Il s’appuie également sur la neutralité autrichienne pour justifier ses positions. Kickl propose même une politique de « remigration », prévoyant de priver de leur nationalité certains Autrichiens d’origine étrangère.
Malgré la possibilité de ne pas gouverner, une première place du FPÖ le soir du vote constituerait un « tremblement de terre » politique en Autriche, selon Thomas Hofer, un analyste viennois. Et même s’il est tenu à l’écart du pouvoir, Herbert Kickl pourrait gagner à continuer de jouer la carte de l’antiélitisme, tout en alimentant les divisions au sein d’un pays en proie à des difficultés économiques.