le parti au pouvoir en tête devant l’opposition pro-européenne, selon des résultats partiels – Libération
C’est l’épilogue d’élections législatives aussi cruciales qu’indécises ce samedi 26 octobre pour l’avenir de la Géorgie, divisée entre une opposition pro-européenne et un parti au pouvoir accusé de dérive autoritaire pro-russe. Après dépouillement des bulletins de 70% des bureaux de vote, le parti Rêve géorgien a remporté 53% des voix contre 38,28% pour la coalition de quatre partis pro-européens, selon les résultats communiqués dans la soirée par la commission électorale centrale (CEC). .
Les deux camps ont toutefois revendiqué la victoire après la fermeture des bureaux de vote à 20 heures (18 heures à Paris). L’opposition pro-européenne arrive en tête devant le parti au pouvoir, selon un sondage réalisé pour une chaîne de télévision favorable à l’opposition par l’institut américain Edison Research. Les quatre partis pro-européens auraient recueilli au total 51,9% des suffrages, contre 40,9% pour Georgian Dream, selon ce sondage.
Dans la foulée, Tina Bokuchava, chef du Mouvement national uni, l’un des quatre groupes, a revendiqué la victoire : « Le rêve géorgien a perdu, le peuple géorgien et l’Europe ont gagné. » De son côté, la Présidente Salomé Zourabichvili a déclaré dans un message publié le « La Géorgie européenne l’emporte avec 52% des voix, malgré les tentatives de truquage des élections (…) Je suis fier et confiant dans notre avenir européen ! »
Mais peu après, un autre sondage réalisé par un institut proche du gouvernement place le gouvernement en tête, avec 56% des voix obtenues. Bidzina Ivanishvili, le milliardaire solitaire fondateur du parti au pouvoir et ancien Premier ministre, a à son tour revendiqué la victoire. « C’est un cas rare au monde qu’un même parti obtienne un tel succès dans une situation aussi difficile – c’est un bon indicateur du talent du peuple géorgien »» a déclaré Bidzina Ivanishvili quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote.
En milieu d’après-midi, cinq heures avant la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation était de 41,62 %, en hausse par rapport à 2016 (34,79 %) et 2020 (36,45 %). Le résultat de ces élections proportionnelles pour le renouvellement des 150 sièges du Parlement était difficile à prévoir. D’autant que le scrutin, surveillé par des observateurs internationaux, est déjà marqué par plusieurs incidents, largement relayés en ligne. La commission électorale a annoncé dans l’après-midi avoir reçu 133 plaintes concernant des violations du secret du vote, des incidents à l’extérieur des bureaux de vote, des obstacles au travail des observateurs, etc.
« Des incidents violents extrêmement préoccupants »
Les images montrant des bulletins de vote bourrés à Sadakhlo, un village de l’est, ont été largement partagées par l’opposition. La commission électorale a annulé les scrutins dans ce bureau. L’opposante Tina Bokoutchava a accusé le « des voyous » du rêve géorgien de « s’accrocher au pouvoir » et de « porter atteinte au processus électoral », des propos rejetés par ce parti.
Une vidéo d’une bagarre dans un bureau de vote à Tbilissi a incité la présidente Salomé Zourabichvili à appeler le ministre de l’Intérieur à agir. Dans un message vidéo, elle a exprimé son inquiétude concernant «des incidents violents profondément inquiétants (…) dans différents bureaux de vote». L’association des jeunes avocats, qui surveille ces élections législatives, a rapporté « violations électorales importantes ».
De récents sondages d’opinion montrent qu’une alliance sans précédent de groupes d’opposition pourrait vaincre le Rêve géorgien, le parti conservateur du milliardaire Bidzina Ivanishvili. Au pouvoir depuis 2012, il est accusé d’éloigner la Géorgie de l’Union européenne et de l’Otan, qu’elle ambitionne également d’adhérer. Parmi le quatuor de partis d’opposition concernés figure le Mouvement national uni de l’ex-président emprisonné Mikheïl Saakachvili, ennemi juré de Bidzina Ivanishvili.
La Géorgie a été secouée en mai par de vastes manifestations contre une loi sur « l’influence étrangère », inspirée de la législation russe sur les « agents étrangers » utilisée pour écraser la société civile. Bruxelles a ensuite gelé le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE et les États-Unis ont pris des sanctions contre les responsables géorgiens.
Autre cause de tensions avec les Occidentaux : la récente promulgation d’une loi restreignant fortement les droits des personnes LGBT+ en Géorgie, pays de tradition chrétienne orthodoxe où l’hostilité envers les minorités sexuelles reste forte.
Mise à jour : à 20h35, avec l’ajout des résultats partiels publiés par la Commission électorale centrale (CEC).