Le parquet demande un procès pour « meurtre » contre deux militants d’extrême droite
Après deux ans et demi d’enquête, le parquet de Paris requiert que deux militants d’extrême droite, Loïk Le Priol et Romain Bouvier, soient jugés pour « meurtre » pour leur rôle dans la mort de l’ancien rugbyman argentin Federico Martin Aramburu, abattu à la sortie d’un bar parisien en mars 2022, selon l’acte d’accusation définitif, daté de vendredi 2 août, révélé par l’AFP, et dont le procès a été ouvert en première lecture. Le monde a pris conscience.
Cette tragédie, qui avait secoué le monde du rugby, en France comme en Argentine, avait commencé par une banale altercation nocturne. Peu après 5 heures du matin, samedi 19 mars 2022, Federico Martin Aramburu, 42 ans, était attablé avec un ami à la terrasse du bar Le Mabillon, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Loïk Le Priol, sa petite amie et Romain Bouvier se trouvaient à une table voisine. Une bagarre avait éclaté pour une raison anodine, les insultes avaient fusé, quelques coups avaient été échangés et les videurs étaient intervenus.
Mais, peu après la fermeture du bar, à 6 heures du matin, alors que Federico Martin Aramburu quittait tranquillement les lieux avec son ami en direction de leur hôtel, une Jeep militaire s’est arrêtée à leur hauteur. Un homme en est sorti. Romain Bouvier a tiré quatre coups de feu sur le rugbyman avant de prendre la fuite. Quelques secondes plus tard, Loïk Le Priol est arrivé en courant et s’est battu avec l’Argentin. Il a alors sorti une arme et a tiré six balles. Federico Martin Aramburu est mort quelques minutes plus tard sur le trottoir.
Une statuette d’Hitler
Loïk Le Priol, 30 ans, ancien militaire devenu ostréiculteur et ancien militant du Groupe union défense (GUD), un groupuscule d’extrême droite ultraviolent, a été arrêté après trois jours de cavale à un poste frontière en Hongrie, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre le front ukrainien. Dans sa voiture, les gardes-frontières ont trouvé un casque d’assaut, un gilet tactique, une caméra infrarouge, un viseur de pistolet et une trousse médicale militaire.
Son ami Romain Bouvier, 33 ans, également ancien militant du GUD, a été interpellé le lendemain, sans résistance, alors qu’il était assis sur un bloc de pierre dans un parking le long de la Sarthe. A son domicile parisien, dans le 7eet Dans le district, les enquêteurs avaient découvert quelques jours plus tôt d’innombrables armes à feu, des caisses de munitions en désordre, une statuette d’Hitler et une copie, en langue originale, de Mon combat.
Au cours de l’enquête, les deux hommes ont nié toute préméditation, sur laquelle se fonde l’accusation de « meurtre » requise par le parquet. Romain Bouvier a déclaré avoir eu peur lorsqu’il a croisé Federico Martin Aramburu dans la rue alors qu’il circulait dans la Jeep conduite par la compagne de Loïk Le Priol. Voyant le rugbyman se diriger vers lui, il affirme avoir sorti son arme et tiré au sol pour le faire reculer, sans avoir l’intention de le blesser, et encore moins de le tuer. Deux des quatre balles ont atteint Federico Martin Aramburu.
Il vous reste 40.34% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.