Le Parlement européen valide le pacte sur la migration et l’asile
Certains invoquent l’histoire, d’autres espèrent enfin passer à autre chose. Mercredi 10 avril, le Parlement européen a validé, quatre mois après les États membres, les dix règlements et directives qui composent le « pacte sur la migration et l’asile ». Le vote a été un peu moins serré que prévu sur les textes les plus controversés, passant avec une trentaine de voix majoritaires. Militants des droits de l’homme a interrompu le vote pendant quelques minutes en scandant « Le pacte tue, votez non ! »(« le pacte tue, votez non »).
Neuf ans après l’arrivée de deux millions de réfugiés syriens en Europe et après plusieurs tentatives de réformes afin d’harmoniser les politiques nationales d’accueil des migrants, les Vingt-Sept ont fini par trouver un compromis sur un sujet qui a alimenté les tensions entre eux pendant des années. Ils espèrent désormais que les nouvelles règles communes permettront de mieux gérer l’arrivée de migrants à ses frontières. En 2023, quelque 380 000 personnes ont tenté d’entrer irrégulièrement sur le territoire européen, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2022.
« C’est un moment de fiertéconfie Ylva Johansson, la commissaire aux Affaires intérieures, qui dirige le projet depuis quatre ans et demi. Ce texte apportera une différence importante dans la manière dont l’immigration clandestine est gérée aujourd’hui. Nous le ferons de manière ordonnée. D’un côté, nous protégerons nos frontières, et de l’autre, nous protégerons les personnes fuyant la guerre et les persécutions. »
Un durcissement sans précédent
Les États devront mettre en place des procédures d’enregistrement, de contrôle (y compris un examen médical) et de demande d’asile accélérée aux frontières pour les demandeurs manifestement inéligibles au statut de réfugié. Les pays auront six semaines pour analyser leur demande. En cas de refus, les Etats pourront les restituer dans un délai de six à dix semaines. En cas d’augmentation soudaine de la pression migratoire, des mécanismes de solidarité entre États membres seront activés afin de soulager les pays en première ligne.
Si cette série de textes a trouvé une majorité au Conseil et au Parlement – une partie de la gauche et de l’extrême droite ont voté contre ou se sont abstenus, la première les jugeant trop fermes, la seconde trop laxistes – elle est néanmoins perçue comme un durcissement sans précédent. de la gestion des migrations en Europe.
Si une grande partie des dirigeants européens salue ce vote, d’autres acteurs le condamnent. Quelque 161 ONG de défense des droits de l’homme ou d’aide aux réfugiés, ainsi que des spécialistes travaillant sur le sujet, ont demandé le rejet du texte. Pour eux, « l’introduction de procédures obligatoires aux frontières sera dangereuse, inhumaine, peu pratique et inefficace ».
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