Le Parlement européen adopte le Pacte asile et migration
Ce mercredi 10 avril, les députés européens se sont prononcés en faveur du Pacte Asile et Migration, en négociation depuis plus de trois ans, qui prévoit une réforme de la politique migratoire européenne.
Au cœur de la campagne pour les élections européennes, l’immigration était au centre d’un débat clé au Parlement européen ce mercredi. Les députés ont voté en faveur du Pacte Asile et Migration, le projet visant à réformer la gestion des flux migratoires et des demandes d’asile dans l’Union européenne.
Ce projet, composé de dix textes – en négociation depuis plus de trois ans – a fait l’objet d’un compromis entre États membres et députés européens en décembre dernier, qui se sont donc mis d’accord sur un ensemble de règles relatives à l’immigration et à l’asile.
Le pacte prévoit notamment l’instauration d’un contrôle préalable des migrants aux frontières extérieures de l’UE, avec un « filtrage » des personnes souhaitant entrer sur le territoire européen.
Le principe de solidarité obligatoire avec les pays où la pression migratoire est importante sera également introduit. Le texte vise également à mettre en place des procédures « aux frontières » pour les demandeurs d’asile dont les demandes sont recevables, mais qui ont peu de chance d’obtenir une protection internationale.
En cas de crise migratoire sans précédent, comme celle qu’a connue l’Europe en 2015, des dispositifs spécifiques seront mis en place. Le pacte prévoit également la création de la notion de « pays tiers sûr ».
Une réforme soutenue par les centristes
Cette réforme, soutenue par les principales forces politiques européennes (les centristes libéraux de Renew, la droite du PEE et les Socialistes & Démocrates), devrait s’appliquer en 2026. Dans le même temps, l’Union européenne multiplie les accords avec les pays d’origine et de transit des migrants, comme la Tunisie, la Mauritanie et l’Égypte, pour réduire le nombre d’arrivées aux frontières européennes.
En France, la tête de liste Renaissance aux élections européennes, Valérie Hayer, s’est félicitée par avance de l’adoption probable du pacte, qu’elle considère comme « une victoire politique », étant « la seule tête de liste à voter cet accord ». « . La réforme européenne est en effet critiquée par la droite et l’extrême droite, qui la jugent beaucoup trop laxiste pour permettre un véritable contrôle des flux migratoires.
Elle ne trouve pas beaucoup plus de soutien à gauche ou parmi les écologistes, qui accusent les États membres d’avoir cédé aux sirènes de l’extrême droite, et de mettre en œuvre une politique consistant à « brutaliser, enfermer et réprimer », comme l’a déclaré Manon. Aubry, tête de liste de La France insoumise.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont également manifesté leur opposition à la réforme du droit d’asile dans l’Union européenne. Depuis décembre, Amnesty International met en garde contre de potentiels abus. « Il est plus clair que jamais que ce Pacte sur la migration et l’asile entraînera une régression du droit européen en matière d’asile dans les décennies à venir, ne fera qu’accroître les souffrances et exposera encore plus de personnes au risque de violations des droits humains à chaque étape de leur voyage. », a déclaré Eve Geddie, directrice du Bureau des institutions européennes d’Amnesty International.
Après le vote des députés, la réforme devra encore être formellement validée par les États membres.