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Le Parc OL est-il en train de devenir un lieu d’affrontements politiques ?

Le Parc OL est-il en train de devenir un lieu d’affrontements politiques ?

Jamais depuis l’inauguration du Parc OL à Décines en janvier 2016, un violent affrontement n’avait eu lieu entre supporters lyonnais. Régulièrement pointés du doigt pour des dérives racistes, comme à Marseille en octobre 2023 ou à Toulouse il y a deux semaines, les principaux groupes ultra de l’OL ont de nouveau défrayé la chronique juste après le dernier match de Ligue 1 remporté dimanche face au FC Nantes (2-0). Une centaine d’ultras venus des virages nord et sud se sont rendus à la porte X, où se trouve le nouveau groupe de partisans des Six Nine Pirates (SNP), afin d’y en découdre.

S’ensuit un échange de communiqués du groupe attaqué ainsi que du Kop Virage Nord/Bad Gones, avec deux versions différentes pour déterminer les responsabilités. Une chose est sûre : la situation s’annonce extrêmement tendue lors des deux prochains matches à domicile après la trêve internationale, le 24 octobre contre Besiktas et le 27 octobre contre Auxerre. Pourquoi parle-t-on plus que jamais de forums politisés à Lyon depuis dimanche, alors que le terme « apolitique » est répété sans cesse dans chaque camp ?

Déjà parce que lundi matin, six députés du Nouveau Front populaire (NFP) du Rhône ont été les premiers à publier un communiqué sur ces incidents. A l’origine de cela, Anaïs Belouassa-Cherifi (La France insoumise) explique à 20 minutes ayant été « alerté par un collègue député juste après le match ». « Je suivais depuis quelques semaines ce qui se passait avec les dérives des supporters de l’Olympique Lyonnais, et puis il y a eu cet événement tragique, poursuit l’élu lyonnais.

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Anaïs Belouassa-Cherifi menacée par ses supporters

Une réaction qui n’est pas passée inaperçue, en raison de la rumeur persistante de la présence d’« antifas » au sein des Six Nine Pirates. « Nous voulons être inclusifs, cosmopolites, ouverts à tous », explique le nouveau groupe ultra, qui s’est déroulé cette saison sous l’un des écrans géants du Parc OL. Nous sommes antiracistes, mais pas « antifa » ou de gauche, nous ne voulons pas ramener la politique au stade. »

« Nous sommes surpris par la rapidité de communication de certains députés LFI », ont souligné mardi les Bad Gones sur les réseaux sociaux. Certains pourraient penser que le communiqué était probablement déjà prêt avant le match. Le manque de recul de ces députés de la nation nous interroge sur leur promiscuité avec ces individus. » Ce dont Anaïs Belouassa-Cherifi préfère plaisanter.

 » Comme c’étaient des gars de Bron, j’étais évidemment conscient avant le match qu’il allait y avoir des excès… Je ne comprends même pas comment on peut imaginer quelque chose comme ça. Cela montre la mauvaise foi de certains. Je ne connais pas les personnes qui composent ce collectif Six Nine Pirates. Depuis, j’ai reçu des messages menaçants de certains supporters me traitant d’Arabe de service. »

Le déclencheur des saluts nazis filmé lors de l’Olympico 2023

Le sujet est électrique, et la tension n’est pas vraiment retombée depuis cinq jours. Ici se pose entre autres la question de la couleur politique de ce Parc OL. « Il y a une réputation nationaliste et patriotique, et pas de réelle diversité dans les groupes en place », observe Jean-Pierre, un habitué de la boucle nord de Lyon. On peut se demander si le club n’a pas poussé très vite ces jeunes du quartier afin de se donner une bonne image médiatique. »

Le fonctionnement de l’Olympique Lyonnais est clair au niveau de ses groupes : toute nouvelle association doit faire ses preuves pendant un an sans incident, avant de pouvoir être officiellement reconnue et afficher sa bâche au stade. On n’en est donc pas encore là pour les Six Neuf Pirates, dont la création a été déclenchée par le désastreux Olympico du 29 octobre 2023. Ce match, finalement reporté, a été marqué à la fois par le bris de pierre du bus de l’OL ayant blessé Fabio Grosso, et par le comportement raciste d’une partie du parking de Lyon ce soir-là, entre imitations de singes et saluts nazis filmés.

Lassées de ce comportement, une quinzaine de jeunes, « dont certains d’origine maghrébine », en partie issus de Lyon 1950, décident alors de fonder leur propre groupe, qui terminera la saison 2023-2024 au virage sud avant de prendre place au bloc 439. (nord-est). « Ils ont tout de suite présenté leur groupe comme un groupe dans lequel tout le monde était le bienvenu », confie un spécialiste des tribunes lyonnaises. Cela impliquait quelque chose et les deux principaux groupes leur ont fait comprendre qu’ils ne faisaient pas les choses de la bonne manière. »

Plusieurs supporters lyonnais avaient multiplié les provocations racistes envers les Marseillais le 29 octobre 2023 au stade Vélodrome.
Plusieurs supporters lyonnais avaient multiplié les provocations racistes envers les Marseillais le 29 octobre 2023 au stade Vélodrome.-D. Cole/AP/SIPA

« Une guerre d’enchères a lieu »

Les deux entités historiques, Kop Virage Nord et Lyon 1950, les accusent de « provocations sur les réseaux sociaux », mais aussi aux abords du stade. « Quand des gars de votre propre club s’amusent à coller et à taguer votre groupe, c’est irrespectueux. Derrière, une guerre d’enchères a lieu », souligne un député du Tour nordiste, qui y voit une nette contestation « au-delà de toute considération politique ».

De son côté, Lyon 1950, qui avait au contraire dénoncé les Bad Gones dans un communiqué les incidents racistes lors de l’Olympico 2023, dément avoir aucun critère d’origine, de religion ou de vote pour accepter un membre.

Lors du dernier OL-OM (2-3), le capodastre du principal groupe du virage sud (2 100 adhérents), en plus de rappeler la dimension « apolitique » de Lyon 1950, a également annoncé au micro que tout auteur de propos racistes le comportement serait « brisé » au coin de la rue. Lyon 1950 a banni plusieurs membres de son groupe ces dernières années, tandis que le Kop Virage Nord (6 500 personnes) a exclu un seul membre en 23 ans (interdit lui aussi des stades), après avoir effectué un salut nazi filmé lors d’un match de Ligue des champions. à Manchester City en 2018.

« Que les familles puissent aller au stade »

Les « dérapages racistes » restent réguliers chez les supporters lyonnais, entre ce fameux choc à Marseille il y a un an, à Toulouse le 29 septembre, et même à domicile trois jours plus tôt face à l’Olympiakos. Ce soir-là, le slogan nationaliste « Bleu, blanc, rouge » résonnait à la fin de chaque Marseillaise lancée dans la tribune ouest, où s’étaient rassemblés quelques dizaines d’ultras, en raison d’un huis clos partiel pour débuter la Ligue Europa.

« Ce serait bien que tout le monde se saisisse de ce sujet, y compris la direction de l’OL, pour faire en sorte qu’il n’y ait plus d’impunité sur cette question des violences entre supporters, des insultes racistes, xénophobes et homophobes qui peuvent s’entendre dans les tribunes. Il faut une vision collective et inclusive du sport, pour que les familles puissent se rendre au stade en toute sérénité, sans crainte des excès », insiste Anaïs Belouassa-Cherifi, qui prévoit d’assister à OL-Auxerre avec les cinq cosignataires. Députés du PFN. du communiqué de presse lundi.

« Je vais demander un rendez-vous avec la direction de l’OL et écrire au ministre des Sports sur cette question », souligne cet ancien footballeur. De son côté, l’Olympique Lyonnais assure avec L’équipe applique la « tolérance zéro » envers les coupables de violences et compte organiser une table ronde avec tous ses groupes de supporters avant OL-Auxerre.

« C’est pas impossible qu’un mec finisse par terre »

« L’OL prend ses responsabilités, le club se tient aux côtés des victimes », assure Jordan Minary, avocat lyonnais qui défend régulièrement les supporters de l’OL. La réponse doit avant tout être judiciaire et pénale. Les procédures doivent aboutir car il s’agit d’individus ultra-violents qu’il faut appréhender directement dans les stades. » Et ce afin d’éviter un bilan humain plus dramatique que celui de deux membres des Six Nine Pirates blessés dimanche à l’arme blanche.

« Il faisait parfois chaud dans les années 2000 entre les deux tours, mais il y avait toujours des discussions possibles entre les leaders des groupes », explique Jean-Pierre du virage nord. Là, vu comment ça se passe, ce n’est pas impossible qu’un jour un mec se retrouve par terre. » Comme au Parc des Princes, lorsque la mort de Yann Lorence (PSG ultra habitué du Kop Boulogne), tabassé par une trentaine de membres de la tribune d’Auteuil en 2010, avait entraîné la mise en œuvre du fameux plan Leproux.

« Personne n’a à gagner à ce que ça empire », renchérit un autre habitué des corners lyonnais. La seule issue que je vois, c’est que la préfecture du Rhône convoque les présidents des Bad Gones, Lyon 1950 et Six Neuf Pirates, leur annonçant que lors du prochain grand incident, le groupe responsable sera dissous. Cette pression doit venir de la préfecture plutôt que du club pour avoir plus d’impact. »

Un élu lyonnais soutient les Bad Gones sur X

Un autre élu lyonnais a souhaité prendre position sur le sujet. Premier adjoint au maire LR du 2e arrondissement, Jean-Stéphane Chaillet a apporté mardi son soutien aux Bad Gones sur son compte X. « La politique que certains tentent d’introduire dans le stade n’a pas sa place », précise le délégué adjoint à la Sécurité, au Sport et à la Solidarité, qui n’a pas souhaité en dire plus. 20 minutes.

« Sa réaction n’est pas la bienvenue », répond Anaïs Belouassa-Cherifi, qui se sent ciblée par ce message de Jean-Stéphane Chaillet. Le sport est politique. Nous condamnons les violences au stade et le fait que tout le monde ne puisse plus s’y rendre. Ma position est que l’Olympique Lyonnais appartient à tout le monde. Cependant, une sorte de ségrégation s’opère actuellement à Lyon. » Avec aussi le risque de perdre de nombreux passionnés.

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« Chaque fois qu’il y a de tels incidents, il s’agit d’un épisode traumatisant dans la construction psychologique d’une personne », indique Jordan Minary. Plusieurs supporters me confient qu’ils ne reviendront jamais au stade après avoir subi ces événements qui bousculent régulièrement l’actualité de l’OL. » Il n’est pas certain que le choix de Pierre Sage d’opter pour un 4-2-3-1 ou un 4-3-3 soit la principale question qui entoure la prochaine rencontre au Parc OL, le 24 octobre contre Besiktas.

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