Le para-haltérophilie, un sport où seul le haut du corps compte
Est-il possible de soulever jusqu’à trois fois le poids de son corps lorsqu’on a perdu l’usage de ses jambes ? « Le grand public est toujours surpris lorsque les performances des athlètes sont annoncées », note Alexis Quérou, responsable performance du développé couché handisport, à qui l’on pose régulièrement la question. Il pense notamment aux prouesses de la Française Souhad Ghazouani, considérée comme l’une des meilleures haltérophiles paralympiques du monde. Aux Championnats d’Europe 2013, elle a battu le record du monde en soulevant une barre de 150 kg dans la catégorie des –73 kg. Un titre qu’elle a conservé pendant dix ans.
Bien que le terme générique de para-haltérophilie soit utilisé aux Jeux paralympiques, le terme approprié est développé couché, nom du seul mouvement exécuté par les athlètes. Discipline olympique depuis 1964 pour les hommes et depuis 2000 pour les femmes, ce sport de force individuelle était à l’origine un sport de rééducation. « La plupart des athlètes ont commencé à le pratiquer avec leur physiothérapeute, comme mouvement de base pour apprendre à se déplacer avec des béquilles, rapporte Alexis Quérou. Sauf qu’ils deviennent vite accros. Contrairement à de nombreux autres sports du programme paralympique, les athlètes ne sont pas classés en fonction de leur handicap. Comme les athlètes valides, les athlètes concourent dans des catégories basées sur le poids et le sexe.
Un exercice technique
Sanglés et allongés sur un banc plus long et plus large que dans l’haltérophilie traditionnelle, les athlètes se relaient pour effectuer trois tentatives à partir du signal de « départ » donné par l’arbitre. « Le geste demande avant tout de la technique, il ne suffit pas de soulever une barre et de la repousser », « , insiste Grégory Schreder, membre de l’équipe de France de développé couché, qui a remporté l’or aux championnats du monde 2023 chez les juniors, dans la catégorie des -107 kg. Chaque athlète doit contrôler la descente de la barre, l’immobiliser au niveau de la poitrine, marquer une pause avant de la remonter.
Durant cette étape cruciale, le para-haltérophile veille à ne jamais redescendre la barre et évite le porté « en escalier », c’est-à-dire tout décalage entre les deux bras lors de la poussée. Il doit également garder les coudes bloqués jusqu’au signal final de l’arbitre, le « rack ». Ensuite, il peut reposer la barre sur ses appuis, sous l’œil attentif de deux spotters placés aux extrémités du banc, et laisser la place au suivant. Seule la meilleure performance des trois tentatives est retenue.
Quatre athlètes français en lice
Réaliser ces gestes avec précision nécessite « Concentrez-vous à 100 % sur le haut du corps, car vous ne pouvez pas compter sur la puissance des supports »décrit Gregory Schreder. Le positionnement de l’athlète sur le banc doit être minutieusement ajusté en fonction du handicap. « C’est ce qui est beau avec le para-haltérophilie, souligne Alexis Quérou. Une fois ces adaptations trouvées, tout le monde est couché au même niveau. »
Aux Jeux paralympiques de Paris 2024, la délégation française de développé couché espère ramener plusieurs médailles. Fait notable, la sélection française sera deux fois plus nombreuse que lors des trois précédentes JO. Pas moins de quatre athlètes, trois hommes et une femme, s’affronteront à partir de mercredi 4 septembre à l’Arena Porte de la Chapelle : Alex Adélaïde (– 49 kg), Axel Bourlon (– 54 kg), Rafik Arabat (– 97 kg) et Souhad Ghazouani (– 67 kg). « Depuis que l’haltérophilie paralympique est au programme des Jeux, les Bleus ramènent toujours une médaille à la maison », se vante le manager de l’équipe de France, Alexis Quérou, qui espère ne pas déroger à la tradition cette année.
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Selon le type de compétition, différentes classifications d’athlètes
Dans le cadre de compétitions internationales, notamment des Jeux Paralympiquesla pratique du développé couché handicapé est réservée aux sportifs présentant une limitation fonctionnelle des membres inférieurs ou des hanches : petite taille, atteinte légère des quatre membres et du tronc, handicap majeur des jambes et du tronc, handicap sévère des membres inférieurs, ou absence d’un membre inférieur.
En revanche, dans le cadre de compétitions nationales ou de loisirs, la discipline peut être pratiquée par tous types d’athlètes.quel que soit leur handicap, à condition qu’ils puissent utiliser leurs bras.
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