Le pape François qualifie de « péché grave » les tentatives systématiques de refoulement des migrants
Le 28 août, sur la place Saint-Pierre, le pape François a annoncé qu’il « rapport (ait) la catéchèse habituelle »prononcé chaque mercredi, pour renouveler son plaidoyer en faveur de l’accueil des migrants, « qui – même maintenant – traversent mers et déserts pour atteindre une terre où (ils) « peuvent vivre en paix et en sécurité »il a dit.
Ce nouvel appel intervient au lendemain de la publication, mardi 27 août, par le ministère italien de l’Intérieur, de statistiques sur le nombre de migrants illégaux entrant dans le pays, en baisse de 65% par rapport à 2023 (40 138, contre 113 469 l’année dernière).
Le pape, qui n’a fait aucune référence directe à ces chiffres ni à la politique migratoire fermée menée par la cheffe du gouvernement italien d’extrême droite Giorgia Meloni, a fermement condamné « ceux qui s’emploient systématiquement par tous les moyens à repousser les migrants. »« « Ceci, en toute conscience et responsabilité, est un péché grave. »a déclaré François, citant un verset du Livre de l’Exode (22, 20) : « Tu n’opprimeras pas l’étranger.
Vers une gouvernance mondiale des migrations
« Nous pourrions tous être d’accord sur une chose : Les migrants d’aujourd’hui ne devraient pas se retrouver dans ces mers et ces déserts mortels, continua François. Mais ce n’est pas par des lois plus restrictives, ce n’est pas par la militarisation des frontières, ce n’est pas par les rejets que nous y parviendrons.« Le pape appelle plutôt à élargir les voies d’accès sûres et légales pour les migrants, et à« encourager (euh) « par tous les moyens possibles, une gouvernance mondiale des migrations fondée sur la justice, la fraternité et la solidarité ».
Contrairement à d’autres sujets comme la santé, la sécurité alimentaire ou l’environnement, il n’existe actuellement pas de réelle coordination internationale sur le sujet. « « La gouvernance mondiale des migrations a été décrite comme instable, flexible, changeante, fragmentée et faible au mieux, voire inexistante dans certains domaines », a noté l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans son rapport 2024, regrettant que les discussions sur le sujet aient lieu dans des forums différents.
Depuis l’élection de François en 2013 et son premier voyage sur l’île de Lampedusa, auquel il a fait référence le 28 août dernier, la promotion de cette coopération internationale est une priorité diplomatique du Saint-Siège, qui mène un plaidoyer permanent sur ce sujet spécifique au niveau des Nations unies (ONU), tant à Genève qu’à New York.
En 2018, avant la signature à Marrakech du premier Pacte mondial des Nations Unies sur les migrations, qui n’est pas juridiquement contraignant pour les États, le pape François a signé un document présentant « 20 points d’action pour les pactes mondiaux »Appelant au respect du principe de « non-refoulement » et à l’absence d’expulsions arbitraires et collectives de migrants et de réfugiés, le texte appelle déjà à élargir la mise en œuvre de « Des voies légales pour une migration sûre et volontaire « , notamment en accordant davantage de visas, notamment humanitaires, pour les étudiants ou encore les regroupements familiaux. « La perspective de la sécurité personnelle, le texte affirmait alors, doit toujours prévaloir sur celle de la sécurité nationale.»