le nouveau rapport accablant pour l’Union Européenne
Un rapport de la Cour des comptes européenne condamne l’industrie automobile en Europe, jugée en retard sur les objectifs CO2 et surtout trop dépendante de l’extérieur… pour presque tout.
L’Europe « »importe 87 % de son lithium brut d’Australie, 80 % de son manganèse d’Afrique du Sud et du Gabon, 68 % de son cobalt de la République démocratique du Congo et 40 % de son graphite de Chine« . Ceci, en une phrase, résume bien la situation actuelle sur la transition que connaît l’Europe en matière de transport routier. Ou plutôt « essaye » de vivre puisque dans son rapport, la Cour des comptes européenne pointe du doigt le retard pris par l’industrie automobile européenne à atteindre un double objectif : réduire ses émissions de CO2 et passer au tout électrique à partir de 2035.
Pour le premier, c’est déjà un échec puisque le CCE explique : «malgré des ambitions fortes et des exigences strictes, la plupart des voitures thermiques actuelles émettent toujours la même quantité de CO2 qu’il y a 12 ans« . Les émissions n’ont vraiment commencé à baisser qu’à partir de 2020. Si les motorisations ont bel et bien progressé tout comme les systèmes de dépollution, tous ces efforts ont été quasiment annihilés par l’augmentation du poids des véhicules. . Et pour le deuxième objectif, c’est encore plus inquiétant.
Le tout électrique en 2035 ? Nous nous éloignons…
La Cour des comptes s’interroge sur la capacité de l’Europe à réellement atteindre son objectif du « tout électrique » à partir de 2035 pour les véhicules neufs. Les 30 millions de VE souhaités par l’Europe sur les routes à partir de 2030 pourraient créer de sérieuses difficultés à certaines grandes entreprises et une dépendance accrue au commerce extérieur, alors que l’Europe est déjà très dépendante du Maghreb, du Moyen-Orient et même des États-Unis pour le gaz et le pétrole.
« L’industrie européenne des batteries est à la traîne malgré des aides publiques importantes. Moins de 10 % de la capacité de production mondiale » est basé en Europe et en Chine à lui seul, il détient 76 % de la capacité mondiale. Nous souhaitons attirer l’attention sur les faibles capacités de production et les risques liés aux importations de batteries.
La Cour parle de «risques géopolitiques pour l’autonomie stratégique de l’Europe« , même si l’on pourrait rétorquer que ces risques existent déjà avec le pétrole et le gaz. On l’a bien vu avec le début de la guerre en Ukraine et les embargos imposés par l’Occident.
Carburants alternatifs?
Alors que faire? La Cour recommande de réfléchir aujourd’hui à varier les solutions et de ne pas se concentrer uniquement sur l’électricité, au risque de se retrouver réduit à un simple « consommateur » de produits et de matières premières issus du marché mondial. Les carburants synthétiques ou même l’hydrogène peuvent être des solutions partielles, mais ne rempliront probablement jamais le rôle que joue aujourd’hui le pétrole. Mais c’est justement pour quantifier les besoins et évaluer les capacités qu’il faut s’y pencher rapidement : « le rapport a souligné l’absence d’une feuille de route précise et stable pour résoudre les problèmes à long terme du secteur : la quantité de carburant disponible, les coûts et le respect de l’environnement.« .
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