Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, élu début juillet grâce au soutien des réformateurs, a présenté dimanche 11 août la liste de ses ministres au Parlement à dominante conservatrice. Les députés ont désormais deux semaines pour accorder, ou non, leur confiance à chacun des ministres proposés. Une procédure qui est loin d’être purement formelle.
Le ministère des Affaires étrangères est confié au diplomate de carrière Abbas Araghtchi, ancien chef de l’équipe de négociateurs iraniens qui a obtenu, en 2015, l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran.
Durant sa campagne, Masoud Pezeshkian avait promis de sauver ce « deal », caduc depuis le retrait unilatéral de l’ancien président américain, le républicain Donald Trump, en 2018. Sauver cet accord pourrait permettre la levée partielle ou totale des sanctions américaines contre Téhéran. Cela offrirait une bouffée d’air frais à l’économie iranienne, en grande difficulté.
Parmi les ministres, Massoud Pezeshkian a maintenu à son poste le ministre du Renseignement, Esmail Khatib. Une décision surprenante pour certains analystes, sachant que l’assassinat, fin juillet, du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, attribué par le régime iranien à Israël, a confirmé les faiblesses des services secrets. Par ailleurs, le nom d’Esmail Khatib est étroitement lié à la répression de la vague de contestation, née en septembre 2022 après la mort en garde à vue de la jeune Mahsa (Jina) Amini pour port du voile illégal.
Déceptions et critiques
Pour le ministère de l’Intérieur, c’est un ancien gardien de la révolution (l’armée idéologique du pays), Eskandar Momeni, qui a été proposé. Ancien chef de la police des autoroutes entre 2009 et 2016, l’homme a mené une campagne contre les femmes qui ne portaient pas ou pas correctement le voile, alors que cela ne relève guère de la compétence de cet organe. D’où les critiques aujourd’hui sur ce choix du président, qui avait pourtant indiqué son souhait d’une application moins sévère de la loi sur le hijab.
Les noms annoncés par le chef de l’Etat ont rapidement créé une vague de déception et de critiques parmi les réformateurs et certains électeurs qui avaient voté pour M. Pezeshkian. Javad Emam, porte-parole du Front de la réforme – qui regroupe la grande majorité des partis réformateurs – s’est indigné du fait que certains membres du cabinet « Ils n’ont aucune affinité avec les réformes et ne sont même pas favorables à une approche modérée ». Selon lui, la liste n’est que « le contrôle continu de la politique par l’armée et les milices et le maintien d’approches sécuritaires au sein du gouvernement iranien à l’égard des activistes politiques. »
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