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Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer promet de « reconstruire » le pays – 05/07/2024 à 18:50

Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer devant le 10 Downing Street le 5 juillet 2024 à Londres (AFP / HENRY NICHOLLS)

Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé vendredi la composition de son gouvernement après avoir promis de « reconstruire » le Royaume-Uni, dont la page politique se tourne avec le retour du Labour au pouvoir.

C’est la première fois depuis 2010 que le Parti travailliste (centre-gauche) dirige le pays, après 14 ans de gouvernements conservateurs et une succession de crises : austérité, Brexit, flambée des prix et même une valse de Premiers ministres.

« Nous allons reconstruire » le Royaume-Uni, a déclaré le nouveau dirigeant de 61 ans sur le perron du 10 Downing Street après avoir été chargé par le roi Charles III de former un gouvernement dont la composition a été dévoilée dans l’après-midi.

Des personnalités atypiques issues du terrain et des femmes aux plus hautes responsabilités, la nouvelle équipe au pouvoir, « au service » des Britanniques, illustre le changement que Keir Starmer veut incarner et l’image de sérieux qu’il veut projeter.

Sa numéro deux en particulier, la vice-première ministre chargée du Logement Angela Rayner, 44 ans, issue d’un milieu très défavorisé et ayant quitté l’école à 16 ans, se démarque dans le paysage politique britannique.

L’ancienne économiste de la Banque d’Angleterre Rachel Reeves, populaire dans les milieux d’affaires, devient ministre des Finances, première femme à occuper ce poste dans le pays.

David Lammy, un descendant d’esclaves très critique envers l’ancien président américain Donald Trump, a été nommé ministre des Affaires étrangères.

Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer et son épouse Victoria, devant le 10 Downing Street, le 5 juillet 2024 à Londres (AFP / HENRY NICHOLLS)

Arrivé souriant à Downing Street, M. Starmer, ancien avocat des droits de l’homme, a reçu des accolades et des félicitations de la part de dizaines de ses partisans.

Il a promis de se battre « jour après jour » pour « unir » le pays et garantir que les Britanniques puissent à nouveau croire en un avenir meilleur pour leurs enfants, citant l’éducation et le logement.

Face aux « défis d’un monde précaire », il s’est engagé en faveur d’une « reconstruction calme et patiente ». « Notre travail est urgent, et nous le commençons aujourd’hui », a-t-il ajouté avant de franchir le seuil du 10 Downing Street avec son épouse Victoria.

Le roi Charles III reçoit le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer au palais de Buckingham le 5 juillet 2024 à Londres (POOL / Yui Mok)

« Je ne vous promets pas que ce sera facile. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour changer un pays », a-t-il toutefois prévenu à l’annonce de sa victoire.

D’autant que la vague travailliste ne masque pas totalement certaines nuances moins éclatantes, comme la faible popularité du nouveau Premier ministre, une victoire obtenue en ne recueillant qu’un tiers des voix au niveau national, ou encore les voix et sièges perdus à cause de la position du Labour sur le conflit à Gaza.

Selon les résultats quasi complets, le parti travailliste a remporté 412 sièges, soit bien au-dessus du seuil de 326 sièges nécessaire pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes et pouvoir gouverner seul. C’est juste en dessous du score historique de Tony Blair en 1997 (418).

Le Parti conservateur a vu son nombre de députés réduit à 121, contre 365 il y a cinq ans, ce qui représente sa plus grave défaite depuis un siècle. Plusieurs poids lourds du parti ont été défaits.

« Vous avez envoyé un signal clair : le gouvernement du Royaume-Uni doit changer, et votre jugement est le seul qui compte », a déclaré Rishi Sunak aux Britanniques dans son dernier discours en tant que Premier ministre après 20 mois au pouvoir, se déclarant « désolé ». Il a annoncé sa démission imminente de la tête du Parti conservateur.

– « des choix difficiles » –

Parmi les premiers rendez-vous qui attendent Keir Starmer figure le sommet du 75e anniversaire de l’OTAN la semaine prochaine à Washington.

Il le sait : il n’y aura pas de lune de miel.

Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer prononce un discours devant le 10 Downing Street le 5 juillet 2024 à Londres (AFP / Paul ELLIS)

Après « ces derniers mois et années difficiles », Ramsey Sargent, 49 ans, a hâte de « voir ce qui va se passer ». « Il y a beaucoup de pression sur le nouveau Premier ministre », a-t-il déclaré à l’AFP.

Abdul Muqtvar, 40 ans, a déclaré : « La politique britannique n’a fait aucun progrès au cours des dix dernières années. Il sera intéressant de voir comment le Parti travailliste s’en sort. »

Tout au long de la campagne, Keir Starmer, entré en politique il y a seulement neuf ans, a promis un retour à la « stabilité » et au « sérieux », avec une gestion très rigoureuse des dépenses publiques.

Le futur gouvernement devra faire des « choix difficiles » face à « l’ampleur du défi », a prévenu Rachel Reeves.

Keir Starmer promet de transformer le pays après avoir laborieusement redressé le parti travailliste après avoir succédé à Jeremy Corbyn d’extrême gauche en 2020, en recentrant le parti sur l’économie et en luttant contre l’antisémitisme.

Il affirme vouloir stimuler la croissance, réparer les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne – sans revenir au Brexit, sujet tabou de la campagne.

– Un Parlement sans précédent –

Dans ce Parlement entièrement remanié, les libéraux-démocrates (centristes) redeviennent la troisième force, avec 71 députés, un record.

Nigel Farage (c), chef du parti anti-immigration et anti-establishment Reform UK, est élu député de Clacton-on-Sea, dans l’est de l’Angleterre, le 5 juillet 2024 (AFP / HENRY NICHOLLS)

Dans un bouleversement majeur, le parti anti-immigration et anti-système Reform UK entre avec cinq députés, dont son chef, la figure d’extrême droite Nigel Farage.

En Écosse, le parti indépendantiste du Parti national écossais a subi un sérieux revers, ne conservant que neuf des 57 circonscriptions.

Les Verts ont remporté quatre sièges, contre un seul, dans une Chambre des communes qui comptera un nombre record d’au moins 261 femmes, contre 220 en 2019.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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