Le marché européen des véhicules électriques connaît actuellement une situation paradoxale : alors que les ventes globales de voitures à batterie progressent de 24% en ce début d’année 2025, Tesla fait face à une chute spectaculaire de sa présence commerciale sur le continent. Cette tendance questionne la position du constructeur américain sur un marché qu’il dominait autrefois.
Une dégringolade inquiétante pour le constructeur américain
Les chiffres sont sans appel. Après avoir déjà reculé de 11% en 2024 par rapport à 2023, les livraisons de Tesla en Europe ont plongé de 37% au premier trimestre 2025 comparé à la même période l’année précédente. Et la situation ne s’améliore pas au second trimestre : sur les cinq marchés européens qui publient quotidiennement leurs immatriculations, Tesla affiche une baisse de près de 50% par rapport au Q2 2024.
Cette tendance se confirme dans plusieurs pays clés :
- En France : seulement 863 véhicules livrés en avril, soit -59% sur un an et -24% par rapport à janvier 2025
- Au Danemark : chute vertigineuse de 67% des livraisons en avril comparé à l’an dernier (180 véhicules)
- Au Portugal : baisse de 47% en avril par rapport à 2024 (239 véhicules)
Ces résultats sont d’autant plus préoccupants qu’ils surviennent dans un contexte où les immatriculations de voitures électriques des marques concurrentes explosent, gagnant près d’un quart de volume sur la même période.


Le nouveau Model Y n’inverse pas la tendance
Les actionnaires de Tesla avaient un temps misé sur la théorie d’une baisse temporaire des ventes, attribuée à la transition vers le nouveau Model Y. L’entreprise elle-même avait évoqué cet argument lors de sa dernière présentation de résultats, expliquant que les changements de design et de fonctionnalités avaient perturbé les chaînes de production au premier trimestre.
Pourtant, même avec les lignes de production revenues à la normale en avril et le nouveau Model Y désormais disponible en stock dans de nombreux pays européens, les ventes continuent de s’effondrer. En France, il est aujourd’hui possible de se faire livrer un Model Y neuf immédiatement, signe que le problème n’est pas lié à la disponibilité des véhicules.
Un problème d’image qui pèse sur les ventes
L’analyse du marché révèle un phénomène préoccupant pour Tesla : le constructeur perd rapidement des parts de marché dans un secteur pourtant en forte croissance. Cette situation constitue généralement un signal d’alarme majeur pour toute entreprise.
Si les versions propulsion (RWD) du Model Y, moins chères, arrivent le mois prochain et pourraient légèrement redresser les volumes, les versions à transmission intégrale (AWD) actuellement disponibles ne trouvent pas preneur en quantités significatives. Cette faible demande pour les modèles haut de gamme, traditionnellement plus rentables, représente un véritable problème pour la stratégie commerciale de Tesla.
De nombreux observateurs pointent un facteur déterminant dans cette désaffection : l’image controversée du PDG Elon Musk. Plusieurs commentaires d’acheteurs potentiels indiquent clairement leur réticence à s’associer à la marque tant que sa direction ne changera pas. Un client déclarait récemment : “Même avec une remise de 2000€, je ne considérerai pas l’achat d’un Model Y tant qu’Elon reste à la tête de l’entreprise.”
Vers un repositionnement stratégique de Tesla en Europe
Face à cette situation critique, Tesla devra probablement repenser sa stratégie européenne. La baisse des prix pratiquée régulièrement depuis 18 mois ne semble pas suffisante pour convaincre les acheteurs potentiels.
L’arrivée de versions plus abordables du Model Y pourrait apporter un léger soulagement, mais ne résoudra pas le problème fondamental d’image et de positionnement. Le constructeur américain, jadis perçu comme pionnier et innovateur incontournable, se trouve aujourd’hui mis sous pression par un écosystème européen de mobilité électrique de plus en plus mature et diversifié.
Pour inverser la tendance, Tesla devra non seulement proposer des produits techniquement attractifs et financièrement compétitifs, mais aussi restaurer sa connexion avec les consommateurs européens, dont les attentes en matière d’éthique d’entreprise et de communication sont particulièrement élevées.
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