Lors de la passation de pouvoirs lundi matin, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a énoncé ses « trois priorités » : « La première, rétablir l’ordre. La deuxième, rétablir l’ordre. La troisième, rétablir l’ordre. » Une posture martiale qui n’est pas sans rappeler certaines phrases prononcées par d’autres politiques avant lui.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
« Rétablir l’ordre dans les rues et aux frontières », C’est l’objectif que s’est fixé Bruno Retailleau, lundi 23 septembre, lors de sa prise de fonctions place Beauvau. Le nouveau ministre de l’Intérieur connaît ses classiques. Il a pris des accents inspirés par l’un de ses lointains prédécesseurs, un autre Vendéen, Georges Clemenceau. « La politique intérieure, je fais la guerre, la politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. » disait le Tigre en 1918. Bruno Retailleau affichait également trois « priorités » : «Le premier ordre de restauration, le deuxième ordre de restauration, le troisième ordre de restauration ! Ce mimétisme belliqueux est lourd de sens. Le nouveau ministre de l’Intérieur se voit en état de guerre contre l’insécurité. Dans l’opposition, Bruno Retailleau était habitué à ce genre de coups de menton. Au pouvoir, la même attitude est plus risquée.
Elle pourrait faire exploser la fragile coalition gouvernementale dont le principal soutien est le groupe Ensemble. Les macronistes s’entre-déchiraient déjà allègrement sur les questions régaliennes sous les gouvernements Borne et Attal. Beaucoup menacent déjà d’abandonner le gouvernement si Bruno Retailleau décide de présenter un nouveau projet de loi reprenant des dispositions de la loi sur l’immigration censurée par le Conseil constitutionnel en décembre 2023. D’ailleurs, derrière ses fanfaronnades, le nouveau ministre préfère évoquer d’éventuels décrets ou de nouvelles circulaires aux préfets. L’autre problème, c’est que cette tactique est un peu du rabâchage…
Vous vous souvenez sûrement des propos tenus par Nicolas Sarkozy à Argenteuil en 2005, il y a presque 20 ans : « Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va s’en débarrasser ! » Déjà à cette époque, le locataire de la place Beauvau adoptait des poses martiales et dessinait ses « kärcher ». Avec pour objectif de siphonner les électeurs de Le Pen. Le truc a bien fonctionné en 2007, moins ensuite, le numéro était devenu terne. Bruno Retailleau le reprend. Comme Sarkozy en son temps, par exemple, il a pris soin de décrire lundi la souffrance des «« Un écolier battu » de « la fille violée »de « la veuve du gendarme en deuil », « victimes d’une barbarie devenue presque quotidienne. »
Des images dures, des mots forts, la même panoplie pour tenter de reconquérir les électeurs du RN. Le ton risque de gêner Marine Le Pen. Pas sûr qu’il suffise à faire reculer durablement l’extrême droite, qui a obtenu cinq fois plus de voix que LR au premier tour des législatives en juin.