Nouvelles locales

le nouveau gouvernement défié par la guerre des gangs

14 ministres se partageront 18 ministères. Haïti vient de former un gouvernement, après des mois d’instabilité politique. Le Conseil présidentiel de transition a donc désigné Garry Conille comme successeur d’Ariel Henry. Ce dernier a démissionné le 11 mars, après n’avoir pu rentrer en Haïti en raison de la fermeture de l’aéroport en raison des violences des gangs.

Le pays est plongé dans le chaos depuis plusieurs années. La cause en est la guerre menée par des groupes criminels, rivalisant avec l’État pour le contrôle du territoire. L’offensive lancée le 29 février par plusieurs gangs contre la capitale Port-au-Prince a permis aux criminels de contrôler 80 % du pays, détériorant une situation sécuritaire déjà chaotique.

La sécurité d’abord

A peine nommé, le nouveau gouvernement aura donc pour principal défi d’endiguer les violences, qui ont entraîné le déplacement de 580 000 personnes, et aggravé la crise alimentaire, ainsi que celle du système de santé. Garry Conille, médecin de formation, avait déjà été premier ministre pendant une courte période en 2011-2012. Il était jusqu’à présent directeur régional de l’Unicef. Il a nommé Dominique Dupuy, représentant d’Haïti auprès de l’UNESCO, au poste clé de ministre des Affaires étrangères.

 » Actuellement, les rues du centre-ville de Port-au-Prince sont complètement désertes. Nous devrons reconquérir la ville, rouvrir les hôpitaux envahis par les gangs, restaurer les services de base », a déclaré Jean-Marie Théodat, écrivain haïtien et spécialiste de la géopolitique caribéenne. « Mais je ne vois pas avec quels moyens militaires et financiers nous pourrions relever ces défis. On considère qu’il y a à peu près autant de bandits que de policiers, mais les bandits sont mieux armés », déplore-t-il.

D’autant qu’une partie de la police du pays est corrompue et entretient des liens avec des gangs. Jimmy Chérizier, principal chef de gang, et dit « Barbecue », est lui-même un ancien agent de la police nationale.  » Si la police est à moitié corrompue, il faut veiller à ce que l’autre moitié continue à faire un travail patriotique », nuance Jean-Marie Théodat.

L’hypothèse d’une force multinationale

Pour rétablir la sécurité, une force multinationale doit être mise en place, notamment grâce à l’implication logistique des États-Unis. Des policiers du Kenya devraient bientôt arriver en Haïti pour lutter contre les gangs. «  L’enthousiasme manque pour cette mission. Nous avons besoin de policiers prêts à mourir pour reprendre Port-au-Prince. Là, ce seront des policiers kenyans, avec des armes faibles. Il y a des raisons d’être sceptique », analyse l’écrivain haïtien.

Si tel est l’objectif affiché, le pays semble loin de pouvoir reprendre le contrôle des gangs. Or, ce serait la condition indispensable pour organiser des élections présidentielles afin de désigner le successeur de Jovenel Moïse, assassiné par un groupe criminel en 2021. » Pour les élections, il faut pouvoir faire campagne, mais aujourd’hui, le seul qui peut le faire, c’est Barbecue. La violence empêche toute campagne électorale et la pauvreté du pays empêche la tenue d’élections propres et transparentes. », déplore Jean-Marie Théodat. Entre-temps, le Conseil présidentiel de transition, composé de neuf membres, assume la présidence du pays.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
Bouton retour en haut de la page