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le Nouveau Front Populaire résiste malgré les fissures

La coalition a survécu à son premier week-end. Le Nouveau Front populaire (NFP) lancé par la gauche et opérationnel depuis vendredi 14 juin, avec les présentations successives de la répartition des sièges puis d’un programme commun, a néanmoins connu de nombreux chocs.

La première est venue de la candidature surprise de François Hollande, samedi matin, qui a pris de court le premier secrétaire du PS Olivier Faure avec qui les relations sont exécrables. L’ancien président, très opposé aux ex-Nupes, ayant cette fois apporté son soutien à cette nouvelle coalition en raison de la menace de l’extrême droite, le leader des socialistes a été obligé d’entériner sa candidature dans son fief de Corrèze.

« Purge » à LFI

La deuxième surprise de taille du week-end est tombée dimanche matin avec l’annonce d’Adrien Quatennens qu’il renonçait à courir dans le Nord. L’investiture de cette personne très proche de Jean-Luc Mélenchon avait suscité la colère des autres partis en raison de sa peine de quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Cependant, tout n’est pas réglé. Alors que la date limite de dépôt des candidatures est fixée ce dimanche à 18 heures, LFI souhaite désigner à sa place une des dirigeantes nationales des Jeunes Insoumis et exige le retrait d’une candidate féministe soutenue par le NFP.

Autre sujet de tension avec LFI, Jean-Luc Mélenchon a limogé trois députés sortants, Alexis Corbière, Raquel Garrigo et Danielle Simonnet, qui s’étaient récemment opposés à sa direction. La patronne des Écologistes Marine Tondelier a dénoncé un « purge » et François Ruffin s’emporte contre le « sectarisme » de la direction de LFI.

Un grand fossé idéologique

Malgré ces tensions, la gauche a néanmoins réussi à entretenir une image d’unité, notamment en comparaison avec le psychodrame provoqué à droite par le ralliement du patron de LR, Éric Ciotti, au RN. Plusieurs personnalités historiques ont apporté leur soutien à cette nouvelle union de la gauche, à l’instar de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin (1997-2002). Le PFN est « une des digues contre lesquelles la vague peut se briser » de l’extrême droite, a déclaré dimanche, dans un entretien à Mondel’ancien héraut de la gauche plurielle.

En comparaison avec cette dernière, la coalition actuelle semble beaucoup moins solide car elle creuse un fossé idéologique important. Des figures de la social-démocratie comme François Hollande se retrouvent sous la même bannière que l’anticapitaliste Philippe Poutou (NPA L’Anticapitaliste) ou le militant du mouvement d’extrême gauche La Jeune Garde Raphaël Arnault. Le 7 octobre dernier, ce dernier saluait dans un tweet « l’offensive » de la « Résistance palestinienne » contre «  l’État colonial d’Israël ».

Certains ténors de la gauche se sont démarqués du NFP, comme l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a apporté son soutien en Charente au député sortant Olivier Falorni, ex-PS ayant rejoint la majorité présidentielle. Certains candidats de gauche ont, de leur côté, refusé de parrainer la coalition. Dans un communiqué publié vendredi, le député socialiste sortant Jérôme Guedj refuse de « rejoindre l’inauguration de LFI liée à l’accord en raison des profonds différends avec la direction de cette formation ».

Effet répulsif

Alors que la campagne officielle débute lundi 17 juin, l’enjeu du NFP sera de maintenir son unité et de miser sur le refus d’une victoire de l’extrême droite qui n’a jamais semblé aussi probable. Ce week-end, 250 000 personnes selon la police, 640 000 selon la CGT, ont manifesté samedi à l’appel des syndicats, des associations et de la gauche. Dans la capitale, ils étaient 75 000 selon la police, et 250 000 selon la CGT.

La radicalisation de LFI lors de la campagne européenne ainsi que le profil de Jean-Luc Mélenchon ont eu un effet répulsif sur une partie de la population opposée aux extrêmes, qui n’a pas rejoint les cortèges. L’affichage de drapeaux palestiniens géants et de slogans antisionistes lors des cortèges de samedi a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. « Comment le parti des héritiers de Blum peut-il marcher sans rien dire avec ces factieux antisémites ? « , » a demandé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, dénonçant la présence de militants du Parti indigène de la République dans les rues de Paris.

Invité dimanche sur France 3, Jean-Luc Mélenchon a réaffirmé qu’il était prêt à abandonner Matignon en cas de victoire du NFP. « Les gens n’arrêtaient pas de dire pendant des jours et des jours que je sème la discorde (…). Je ne serai jamais le problème, je serai toujours du côté de la solution. » » a affirmé le chef des Insoumis.

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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