Le Nouveau Front populaire est-il d’extrême gauche ?
Chef de campagne de la majorité présidentielle pour les législatives, le Premier ministre Gabriel Attal ne cesse de marteler : le centre macroniste constitue le rempart contre « les extrêmes », c’est-à-dire le Rassemblement national d’extrême droite et le Nouveau Front populaire, assimilés à l’extrême gauche. Cette affirmation n’est-elle qu’un artifice stratégique ou repose-t-elle sur des fondements concrets ?
L’émergence du concept d’extrême gauche
Comme tous les termes politiques issus des assemblées parlementaires, la définition de l’extrême gauche varie selon les époques et les pays. Depuis la Révolution française, le modéré Jacques Pierre Brissot évoque ainsi un « majorité intermédiaire entre les deux partis extrêmes ». C’est au milieu du XIXème siècle que les notions de « extrême gauche » ou« le plus à gauche »conduisant en 1876 à la formation par les députés d’un « groupe d’extrême gauche ». Celui-ci rassemble des socialistes radicaux, que les apparitions successives de groupes socialistes puis communistes poussent vers le centre de l’hémicycle.
Sous les IVe et Ve Républiques, la notion d’extrême gauche se stabilise en désignant toutes les forces situées plus à gauche que le Parti communiste français (PCF), et généralement non représentées au Parlement. Plusieurs familles idéologiques s’y retrouvent pêle-mêle, mais l’une d’elles domine : les trotskystes.
Ainsi définie, l’offre d’extrême gauche rassemble, pour le premier tour des élections législatives anticipées, le 30 juin, 549 candidats de Lutte ouvrière, 78 du NPA-Révolutionnaires et une vingtaine d’autres groupuscules (Parti des travailleurs, Pôle de renaissance communiste en France, Révolution Permanente).
Le Nouveau Front Populaire et ses composantes
Et le Nouveau Front Populaire ? Tout d’abord, parmi ses composantes figurent celles qui font habituellement partie des syndicats de gauche : les socialistes (174 nominations), les écologistes (93) et les communistes (49). Soit un total de 316 candidatures, contre 230 pour La France insoumise.
Le « contrat législatif » du Nouveau Front populaire n’est pas non plus marxiste, puisqu’il ne parle ni de dictature du prolétariat ni d’appropriation collective de tous les moyens de production. Il prône un retour à ce qui existait avant, qu’il s’agisse des services publics entendus comme des monopoles ou de la retraite à 60 ans. À cela s’ajoutent des mesures sociales classiques (gel des prix des produits de première nécessité, augmentation du salaire minimum, etc.).
Qu’en est-il de La France insoumise (LFI) en particulier ? La question se pose pour trois raisons. Premièrement, la tactique « bruit et fureur » de Jean-Luc Mélenchon a des connotations plus révolutionnaires que démocratiques. Puis, certains de ses élus ou candidats ont pris des positions personnelles en rupture avec la laïcité et l’universalisme républicain. Enfin, LFI a ouvert ses candidatures sous l’étiquette de L’Union populaire à des groupuscules d’extrême gauche : le NPA L’Anticapitaliste (Philippe Poutou), La Jeune Garde antifasciste (Raphaël Arnault) et le Parti indépendant des travailleurs (dont le député sortant Jérôme Legavre).
En conclusion, le Nouveau Front Populaire ne peut pas être qualifié d’extrême gauche, mais il comprend des candidats d’extrême gauche.