La foule venue acclamer les leaders de gauche sur la scène de l’Agora hurle de joie. Si la 89e édition de la Fête de l’Humanité aurait pu être celle de la résistance contre l’extrême droite, elle est devenue celle de l’union du Nouveau Front populaire (NFP). Le soleil tape fort sur la Fête.
Non loin du mythique stand « Salade, tomate, union », Jules mange des frites avec ses amis : « Le débat entre Fabien Roussel, Marine Tondelier, Manuel Bompard et Olivier Faure permet de garder espoir. L’alliance entre les différents partis de gauche est essentielle pour les Français. »
Maintenir l’unité
« Nous devons rester unis et forts pour changer la France et la vie des gens. Pour avancer, nous devons préserver cette union comme un bien commun. »affirme Fabien Roussel à l’Agora.
Le secrétaire national du PCF poursuit : « Nous sommes quatre forces politiques avec des histoires et des propositions qui nous rassemblent mais qui restent aussi assez différentes sur certains sujets. Ces nuances sont nécessaires et doivent continuer à être débattues respectueusement entre nous pour permettre à la gauche d’être plus forte. »
Micro en main, le secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts affirme que cette unité est nécessaire et que le PFN « aura une candidature unique en 2027. » Devant elle, la foule applaudit. « Syndicat, syndicat, syndicat »crie-t-elle. Mais avoir un seul candidat ne garantit pas la victoire.
« Les Français veulent vivre mieux »
« La question est surtout de savoir comment réussir à parler au monde du travail, que l’on vive dans une métropole ou dans un village. C’est une question que nous n’avons pas encore résolue », précise Ian Brossat, sénateur de Paris et coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris.
Dans les couloirs de la Fête, si de nombreux festivaliers sont fiers d’avoir voté pour la coalition, celle-ci peine encore à convaincre de sa pérennité. Selon notre baromètre annuel, en partenariat avec l’Ifop, 61 % des sondés estiment que le NFP sera contraint de se désunir et de disparaître.
Encore, « Les électeurs de gauche ne veulent pas être abandonnés. Nous avons fait confiance au NFP pour les élections, bien sûr, mais aussi pour l’après. »dit Luce, étudiante en histoire. « Les Français veulent vivre mieux. J’ai vingt ans et je travaille chez McDonald’s pour payer mon loyer en parallèle de mes études. Ce n’est pas normal. Il faut que les députés et les sénateurs agissent maintenant : il ne faut pas attendre les élections présidentielles pour améliorer notre quotidien. »
Le déni de démocratie d’Emmanuel Macron passe mal
Le pays a besoin d’une politique de gauche. Emmanuel Macron « n’a aucune légitimité pour gouverner et nous allons nous déplacersouffle Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire et présidente du groupe CRCE-K, Nous devons continuer à nous battre.
Pour Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis, « Le chef de l’Etat continue de faire preuve d’autoritarisme. Il aurait fallu nommer Lucie Castets. Le NFP est la seule coalition qui s’est présentée comme telle aux électeurs. Toutes les autres sont des bricolages post-électoraux. »
Pour le communiste, « En reconnaissant que le résultat des urnes est la manifestation d’un changement de cap politique, le chef de l’Etat refuse que quiconque touche aux fondamentaux de son bilan, qu’il considère comme précieux pour la France. »
Pendant le Festival, de nombreux militants parlent d’un déni de démocratie. Mais pour Samia, Emmanuel Macron est en train de mener un coup d’Etat. « Au-delà d’imposer encore et encore sa politique pour gouverner avec lui-même, nous perdons des députés communistes »s’emporte le quadragénaire aveyronnais, coiffé d’une casquette CGT à strass.
« Nous ne sommes pas allés bien loin, mais la prochaine fois sera la bonne »
Sur douze députés du PCF, le groupe en a perdu quatre au profit du Rassemblement national. Pour elle, les derniers mois ont été intenses : « Nous avons vécu une dissolution insensée, une campagne éclair, une gauche qui se rassemble malgré le pari du président de la République. Malgré tout le combat du NFP, nous voilà impuissants. Qu’avons-nous raté ? »respire celui qui a le goût amer d’une victoire arrachée.
Quelques stands plus loin, Henri garde espoir. Car grâce à cette coalition, le NFP a permis l’arrivée de nouveaux militants. « Mes enfants ont tous les deux 25 ans et je n’ai jamais réussi à les convaincre de s’engager. Pour la première fois, grâce au Front populaire, ils ont tous les deux sauté le pas. »dit le quinquagénaire, le sourire aux lèvres. C’est là la force de l’union de la gauche : « chercher un public qui a perdu le goût de la politique. »
Le travail acharné et massif de ces nouveaux militants a permis de faire élire des députés. « Nous en avons besoin pour les batailles à venir »poursuit Ian Brossat. « Il faudra se battre pour l’abrogation de la réforme des retraites. Et d’autres échéances restent à venir : peut-être de nouvelles élections législatives, certainement des élections municipales en 2026 – y compris à Paris où il faudra faire campagne pour que la ville reste à gauche… »
L’ancien maire adjoint de cette ville est convaincu qu’avec les nouveaux militants, le Nouveau Front Populaire sortira vainqueur : « Nous ne sommes pas allés bien loin, mais la prochaine fois sera la bonne. »
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