Parallèlement à ses opérations terrestres et à ses attaques de missiles sur le Liban, l’armée israélienne multiplie les frappes sur le nord de la bande de Gaza. Mercredi 9 octobre, celles-ci se sont poursuivies alors que depuis dimanche, « ordres d’évacuation » ont été diffusées par l’armée israélienne, concernant une zone arquée, à l’extrême nord de l’enclave, comprenant des parties de la ville de Gaza, les localités de Beit Hanoun et Beit Lahya, proches du territoire israélien. Autant de lieux déjà bombardés dès les premières heures de la guerre et en partie vidés de leurs habitants. Les ordres visaient la population, estimée à quelque 400 000 personnes selon le gouvernorat de Gaza au 1euh Octobre, pour mettre le cap vers le sud de l’enclave.
Dans le même temps, une opération militaire a été menée pour encercler le camp de Jabaliya, près de la ville de Gaza, qui fait l’objet d’intenses tirs et bombardements depuis lundi. Une mère, jointe par téléphone mercredi matin, a déclaré qu’elle ne « ne pas pouvoir quitter le camp avec ses enfants » et ajouté : « De toute façon, que nous quittions le camp pour aller vers le sud ou que nous restions ici, le résultat est le même : ils nous tirent dessus dans tous les cas. » Dimanche, le 162e division de l’armée israélienne avait commencé l’encerclement de cette localité où, selon un briefing de Nadav Shoshani, porte-parole de l’armée israélienne, mardi soir, les opérations en cours visent un « groupement de forces du Hamas dont le but était de lancer des attaques ». Indication du fait que même si les bataillons du Hamas sont en partie détruits, leurs éléments survivants continuent de mener des opérations de guérilla.
Les injonctions de quitter la zone et de passer de l’autre côté du couloir de Netzrarim, installé par l’armée et qui coupe désormais l’enclave en deux, ne semblent pas pleinement appliquées. Selon les Nations Unies, 70 000 personnes ont été déplacées ces derniers jours dans la partie nord de Gaza, mardi. Ces ordres d’évacuation, rappelle Juliette Touma, porte-parole de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, s’apparentent à « des déplacements forcés, et s’inscrivent désormais dans un contexte de restriction de circulation dans le nord de Gaza ».
Trois hôpitaux concernés
Lundi, des ordres d’évacuation ont également été envoyés aux trois hôpitaux de la région. Chez Kamal-Adwan, le directeur a lancé des appels à l’aide, affirmant que l’armée menaçait d’envahir son établissement. Au sud de Jabaliya, Mohammed Salha, le directeur de l’hôpital Al-Awda, a décidé d’ignorer les ordres d’évacuation « Nous ne bougeons pas. S’ils veulent nous évacuer, ce sera par la force. Nous avons des blessés, nous ne pouvons de toute façon pas les transporter. »a-t-il déclaré mardi soir, joint par téléphone. Al-Awda continue de fonctionner du mieux qu’elle peut, tandis que de nouveaux blessés arrivent. L’hôpital en a reçu une quarantaine dans la journée de mardi. Les deux blocs opératoires y fonctionnent sans arrêt. Soixante-dix-neuf employés sur les 155 qui travaillaient auparavant à Al-Awda ne partent plus. Des lits supplémentaires ont été installés dans les couloirs. Mohammed Salha décrit également le danger extrême pour ceux qui tentent de fuir la zone, bloqués par les tirs dans les rues et par l’effondrement des bâtiments détruits par les bombes de l’armée israélienne.
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