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Le nombre d’IVG a augmenté en 2023, atteignant son plus haut niveau depuis trente ans


La voie médicale concerne la majorité des IVG (79%) en 2023, loin devant la technique instrumentale.
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Depuis l’épidémie de Covid-19, marquée par une baisse exceptionnelle, le recours à l’interruption volontaire de grossesse ne cesse d’augmenter. Les 25-29 ans sont particulièrement concernés.

Après une forte baisse pendant la pandémie de Covid-19, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) continue d’augmenter, selon une nouvelle étude de la Drees, le service statistique du ministère de la Santé. Ce rapport – qui dresse un instantané des IVG en France – indique que 243 600 ont été réalisées l’an dernier. C’est 8 600 de plus qu’en 2022, soit 16,8 IVG pour 1 000 femmes en âge de procréer (contre 16,2 ‰ en 2022).

Le taux d’avortement (rapport entre le nombre d’IVG et le nombre de naissances vivantes au cours d’une année donnée) a également augmenté, atteignant 0,34 (+0,03 par rapport à 2022). Autrement dit, pour 100 naissances, il y a eu 34 avortements en 2023. Une augmentation que les chercheurs expliquent par «  baisse du nombre de naissances d’une part, et l’augmentation du nombre d’IVG, d’autre part ».

Une période prolongée qui ne suffit pas à expliquer l’augmentation

Avant mars 2022, il n’était possible d’avorter en France que jusqu’à la fin de la 12e semaine de grossesse. Depuis, le délai a été prolongé de deux semaines, mais uniquement pour les IVG réalisées dans un établissement de santé (en ville, le délai maximum est de neuf semaines). Mais selon les auteurs de l’étude, cette «  ne suffit pas à expliquer cette augmentation » le nombre d’IVG. En effet, les IVG réalisées entre la 14e et la 16e semaine d’aménorrhée représentent une part minime de l’augmentation (2900 sur 8600 IVG supplémentaires). La majorité des IVG sont réalisées à un stade plus précoce, entre 5 et 9 semaines d’aménorrhée.

Le taux de recours à l’IVG a augmenté dans toutes les tranches d’âge, mais le plus élevé est observé chez les 25-29 ans (près de 30 IVG pour 1000 femmes). Il atteint même un record historique, jamais atteint au cours des trente dernières années. De même pour les 30-34 ans et les 35-39 ans. Chez les mineures, en revanche, il reste faible : «  5,3 pour 1000 contre 11,5 pour 1000 en 2006, au niveau le plus élevé »le rapport note.

Le nombre d’IVG pratiquées dans les villes est en augmentation

Concernant la méthode utilisée, la voie médicale concernait la majorité des IVG (79%) en 2023, loin devant la technique instrumentale (par aspiration), cette dernière étant privilégiée dans le cas des IVG dites «  en retard »En 2000, l’avortement médicamenteux ne concernait que 31% des patientes. «  La prise de médicaments peut être effectuée en cabinet de proximité, dans un centre de santé ou un centre de santé sexuelle (jusqu’à 9 semaines d’aménorrhée), lors d’une téléconsultation ou dans un établissement de santé. »rappelle les Drees.

Ces dernières années, les IVG sont de plus en plus pratiquées en dehors des hôpitaux. Cela s’explique par de récents changements législatifs. «  La pratique de l’avortement médicamenteux a été autorisée dans les cabinets de ville en 2005, puis, en 2009, dans les centres de santé et les centres de santé sexuelle. »Le rapport souligne que près de la moitié des IVG ont désormais lieu en dehors des hôpitaux. En ville, cette intervention peut être réalisée par un médecin généraliste, un gynécologue médical ou une sage-femme. Ces dernières ont également réalisé près de la moitié des IVG en cabinet en 2023.

Un recours plus fréquent à l’IVG dans les DROM

Les départements d’outre-mer ont en moyenne un taux de recours deux fois plus élevé qu’en métropole. Il est particulièrement élevé en Guyane avec un chiffre de 46,7 IVG pour 1000 femmes en âge de procréer, soit plus du double des taux de recours les plus élevés enregistrés en région métropolitaine. «  En Guyane, les grossesses précoces sont plus fréquentes, en partie à cause d’une méfiance accrue à l’égard de la contraception. ; de plus, il est probable qu’une proportion importante d’IVG concerne des femmes qui ne sont pas résidentes de la Guyane. »le rapport explique.

En valeur absolue, la grande majorité des IVG sont toutefois réalisées en France métropolitaine (93 %), avec des disparités importantes : le taux de recours est plus élevé en Île-de-France et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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