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le nombre de vols annulés s’annonce colossal

Les compagnies aériennes sortent leurs calculatrices et leurs mouchoirs. Prévue ce jeudi, la énième grève des contrôleurs aériens va coûter cher alors que les vacances scolaires de printemps sont toujours en cours dans deux zones. Après l’échec des négociations sur les mesures d’accompagnement à la refonte du contrôle aérien, notamment les augmentations de salaires, le mouvement sera suivi de près.

 » On nous parle de 75 % – de vols annulés – à Orly et 65 % à Roissy-Charles de Gaulle. Cela aura un impact énorme », a dénoncé ce mardi Pascal de Izaguirre, le président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam).

 » Nous avons une mobilisation record, et donc il faut s’attendre à des perturbations très graves, à des retards très importants », a ajouté un responsable du Syndicat national des contrôleurs aériens (SNCTA), sous couvert d’anonymat, alors que le principal syndicat des contrôleurs aériens menace déjà de déclencher une nouvelle grève pour le pont de l’Ascension les 9, 10 et 11 mai.

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Augmenter les salaires

En effet, les négociations, entamées il y a 15 mois, prévoient de refondre l’organisation du contrôle aérien en France, notamment la couverture territoriale des services de navigation aérienne, pour réorganiser le travail des contrôleurs pour faire face à l’augmentation annoncée du trafic aérien.

Dans ce contexte, le SNCTA souhaite « soutenir cette recherche de performance » via des hausses de salaires qui les feraient converger vers le « Normes sociales européennes « , a-t-il plaidé, soulignant que l’opération n’aurait aucun sens pour le contribuable français puisque le budget du Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est complétée par les redevances payées par les compagnies aériennes. Dans le détail, le SNCTA réclame une augmentation des rémunérations de 25%, étalée sur les années 2023-2027, ce qui, selon elle, laisserait une marge à la DGAC pour continuer à investir.

Un argument dénoncé par Pascal de Izaguirre, également PDG de Corsair. Ce coût supplémentaire serait finalement transmis au passager « , il explique. Sans compter que cela constituerait « un élément supplémentaire de dégradation de notre compétitivité » parce que ce coût est « majoritairement soutenu par des entreprises françaises », a souligné le dirigeant. La Fnam s’inquiète en effet de la dégradation de la compétitivité française, dont les entreprises perdent chaque année des parts de marché au profit des entreprises turques ou du Golfe.

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Champion d’Europe de frappe

Le trafic aérien a déjà été fortement perturbé par les grèves des contrôleurs aériens début 2023, lors du conflit des retraites en France. Ces mouvements sociaux affectent également les survols du territoire, ce qui suscite l’ire des entreprises étrangères.

Selon Pascal de Izaguirre, la France est même le champion européen des grèves du contrôle aérien avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d’euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la seule France. A titre de comparaison, en deuxième position de ce classement se trouve l’Italie où les grèves ont représenté un manque à gagner de 147 millions d’euros sur la même période, puis la Grèce, avec 22 millions d’euros, toujours selon les chiffres avancés par la Fnam.

Il y avait alors des inquiétudes concernant les JO de 2024. Mais en septembre 2023, le SNCTA et l’Unsa ICNA, le deuxième syndicat des contrôleurs aériens, ont décrété une trêve olympique, promettant de ne pas faire grève pour des raisons salariales d’ici la fin des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques ( 28 août au 8 septembre) Jeux.  » On découvre que ce n’était que partiel », a ironisé Pascal de Izaguirre, confiant ne pas s’inquiéter de la période de compétition en elle-même.

De plus, le secteur s’attend à un été  » dynamique « . Sur les trois premiers mois de l’année, le trafic aérien en provenance, à destination et à destination de la France a atteint 96 % de celui de 2019 pour la même période.

(avec AFP)