« Le NFP est un mariage de convenance sans le niveau d’honnêteté que les gens de gauche devraient adopter »
L’ancien ministre grec des Finances s’en prend à l’alliance de l’extrême gauche et de la gauche dans une interview à Libérer.
Yanis Varoufakis n’a jamais mâché ses mots. L’ancien ministre grec des Finances, arrivé à moto devant les institutions européennes, a dénoncé un « triangle du péché » en parlant des médias, des banques et des prestataires de services de l’État grec, s’en prend cette fois à la gauche et à l’extrême gauche française. « LE Nouveau Front populaire « C’est un mariage de convenance sans le niveau d’honnêteté que les gauchistes et les progressistes devraient adopter. »il aborde dans une interview avec Libérer .
Selon l’ancien ministre grec des Finances, le programme d’alliance de l’extrême gauche avec la gauche n’était pas une bonne idée. « Ce que je n’aime pas, c’est que le NFP n’ait pas dit aux Français, ni avant ni après les élections, que son programme impliquait un conflit avec l’UE »précise-t-il.
«Je n’ai aucun doute sur le fait Mélenchon iront au choc avec l’UE, mais pas les socialistes, ce n’est pas dans leur ADN, pas plus que les Verts. Alors, que font-ils en s’inscrivant à un programme commun, qui nécessite un conflit auquel ils ne sont pas prêts à s’exposer ?se demande-t-il. Si le Nouveau Front Populaire ne partait pas « au choc » avec les institutions européennes, alors il « je me retrouverais dans la même situation que la mienne en Grèce en 2015, devant faire face à la Banque centrale européenne, à la Commission européenne et même au FMI »souligne-t-il.
« La fin de Macron »
Yanis Varoufakis assure « être en cours » parler aux dirigeants de l’alliance. « La France n’est pas durable dans cette Union européenne. Permettez-moi de vous donner un exemple en tant qu’économiste. Chaque mois, le déficit du commerce extérieur de la France se situe entre 6 et 8 milliards d’euros tandis que l’Allemagne affiche un excédent de 20 à 25 milliards. La France se met dans un état de dépendance »il illustre. L’ancien ministre, qui se définit comme «marxiste libertaire», ne veut pas comparer le programme du NFP avec celui du Rassemblement National, car «Cela revient à donner un laissez-passer au Front National. C’est un échec moral et analytique”. Il demande cependant « À gauche (dont La France insoumise, NDLR) ne promettre que des choses qui peuvent être réalisées dans le cadre d’un plan d’action présenté au peuple ».
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Le Premier ministre Michel Barnier, à ses yeux, « n’existe pas. C’est un algorithme. On l’a vu lors des négociations sur le Brexit, il n’avait pas une seule idée originale. (…) Il est le meilleur exemple de ce qu’il ne faut pas faire en tant qu’être humain en position de pouvoir ». Yanis Varoufakis affirme également avoir eu une conversation avec le président français sur les règles budgétaires européennes. « Il pensait que le pays devait se réformer pour donner confiance à l’Allemagne, puis agir. Il ne l’a pas fait, il a raté sa chance. »il juge. « Il ne l’a pas fait. Et ce fut la fin de Macron. La gauche fait la même erreur.».
L’ancien ministre a sa propre méthode pour assurer la victoire du Nouveau Front populaire. « La seule façon pour la gauche de gagner le soutien massif du public nécessaire pour changer les choses est d’être honnête avec elle. ». « Les fascistes le sont. Ils disent : « Donnez-nous le pouvoir et nous expulserons les réfugiés et les noirs, nous serons horribles envers les gays, les lesbiennes et les personnes trans. »assure-t-il. « Ils portent leur misanthropie sur leurs épaules, nous devons porter sur nos épaules notre humanisme et nos pensées claires sur ce que nous voulons faire »recommande l’ancien ministre. Le Nouveau Front populaire n’a pas encore réagi à cet avis.