À la tête du gouvernement néerlandais de façon continue depuis octobre 2010, le libéral Mark Rutte est considéré comme l’architecte de la relance économique des Pays-Bas, ce qui lui a conféré une certaine légitimité pour être le leader des États dits « frugaux ». . » au sein de l’Union européenne (UE), ce qui n’a pas été sans conséquences puisque cette dernière a dû se résoudre à mettre un frein au financement des industries de défense lors des discussions sur le cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-27.
Pourtant, la politique menée par M. Rutte a permis aux Pays-Bas de renouer avec une croissance solide, notamment après avoir imposé une cure d’austérité sévère pour redresser les finances publiques, mises à mal par la crise financière de 2008.
Cependant, les forces armées néerlandaises n’ont pas été épargnées par les coupes budgétaires, au point qu’elles ont dû accepter d’abandonner d’importantes capacités. Pour limiter les dégâts, ils passent des accords avec leurs homologues allemands (Bundeswehr). Cette cure d’austérité a également eu un impact opérationnel, comme en 2017, lorsque les Pays-Bas n’ont pas pu envoyer de chasseurs-bombardiers F-16 en Jordanie, dans le cadre de la coalition anti-État islamique dirigée par les États-Unis.
Entre 2014 et 2017, les dépenses militaires néerlandaises ne représentaient en moyenne qu’environ 1,15% du PIB… même si, comme d’autres membres de l’Otan, les Pays-Bas s’étaient engagés à les porter à 2% du PIB d’ici 2024, lors du sommet de Newport. .
Puis, après une légère hausse observée entre 2018 et 2021 (1,3 % du PIB en moyenne), le budget militaire néerlandais a été annoncé en augmentation significative, la guerre en Ukraine ayant fait office d’électrochoc. Selon les dernières statistiques de l’Otan, elle devrait atteindre 2 % du PIB en 2024.
Au cours des dix dernières années, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, n’a cessé d’inciter les Alliés à augmenter leurs dépenses militaires et à atteindre cet objectif de 2 % du PIB. Ironiquement, il sera remplacé, à partir d’octobre prochain, par Mark Rutte, qui a pu compter sur le soutien des membres les plus influents de l’Otan.
Alors qu’elle était connue depuis quelques jours, après le retrait de la candidature de Klaus Iohannis, le président roumain, cette décision a été entérinée par le Conseil de l’Atlantique Nord le 26 juin.
« Je sais que je laisserai l’OTAN entre de bonnes mains. Mark est un véritable défenseur des relations transatlantiques, un leader fort et un bâtisseur de consensus », a répondu M. Stoltenberg, via X (anciennement Twitter).
« Votre leadership et votre expérience seront cruciaux pour l’Alliance pendant cette période difficile », a commenté Ursula von der Leyen, la présidente (sortante) de la Commission européenne, faisant référence à la nomination de M. Rutte.
D’ailleurs, en 2018, l’intéressé avait déclaré « préférer l’OTAN à une armée européenne ». Et d’ajouter : « Penser que l’Union européenne puisse garantir sa sécurité sans l’OTAN est une illusion. L’OTAN et les États-Unis au sein de l’organisation restent un partenaire crucial pour la paix et la sécurité en Europe et nous continuerons de le souligner dans les discussions avec nos partenaires.
Quoi qu’il arrive, les mois à venir s’annoncent compliqués. En tant que secrétaire général, M. Rutte devra coordonner l’aide militaire à l’Ukraine, à laquelle il a largement contribué en ouvrant la voie au transfert de chasseurs-bombardiers F-16 à l’armée de l’air ukrainienne. Et il pourrait avoir à composer avec Donald Trump, s’il remporte les élections présidentielles américaines en novembre prochain.
A noter que, côté français, le général (de l’air) Philippe Lavigne sera remplacé à la tête du Commandement suprême allié Transformation (SACT) par l’amiral Pierre Vandier, jusqu’ici général de division des armées. Depuis que la France a retrouvé le commandement militaire intégré de l’OTAN, ce poste est systématiquement attribué à un aviateur.