Le mystère des chats kleptomanes sera-t-il bientôt résolu ?
Les chats ne sont pas seulement friands de souris ou d’oiseaux : certains d’entre eux adorent voler des objets comme s’ils étaient des pies voleuses. Sous-vêtements, gants, courrier, petits objets : ils aiment voler, mais il est très difficile de comprendre ce qui les motive. En tout cas, une chose est sûre, affirment les éthologues : leur objectif n’est pas d’offrir des cadeaux – ni aux humains qu’ils rencontrent, ni aux autres chats.
Cette année, une série de vols de vêtements dans une ville espagnole par deux jeunes chats et leur mère a relancé l’intérêt des spécialistes pour le sujet. C’est le cas d’Auke-Florian Hiemstra, biologiste dans un musée de Leyde, aux Pays-Bas : « Je veux savoir pourquoi ils font ça. Documenter des cas comme celui-ci pourrait conduire à de nouvelles recherches à l’avenir. »
L’expert animalier a alors commencé à recueillir des histoires de chats kleptomanes. En plus des trois chats espagnols, capables de voler plus de 100 objets par mois (dont un ours en peluche et des chaussures de bébé), il a enregistré toutes les informations disponibles sur Charlie, basé à Bristol, en Angleterre, qui a été surnommé le cambrioleur le plus prolifique de Grande-Bretagne après avoir ramené un gros butin à Alice Bigge, la femme avec laquelle il vit.
Diplodocus et maillot de bain
Des jouets en plastique, des pinces à linge, un canard en caoutchouc, des verres et des couverts : voilà ce que l’on retrouve dans la réserve de Charlie, dont la plus belle pièce est probablement un diplodocus en plastique, posé sur l’oreiller de son animal de compagnie pendant qu’elle dormait. Très gênée par les vols de son chat et ne sachant pas à qui rendre les objets, Alice Bigge a trouvé une solution : elle les a placés contre un mur extérieur de sa maison pour que leurs propriétaires puissent les récupérer.
Les exemples sont nombreux, comme celui du Californien Dusty et ses 600 vols répertoriés, dont 11 en une seule nuit. Parmi ses trophées figurent une paire de Crocs, une casquette de baseball et un maillot de bain. The Guardian rapporte aussi le cas de Cleo, un chat texan qui a réussi à voler une souris d’ordinateur. Ces histoires sont certes amusantes, mais elles donnent surtout matière à réflexion à Auke-Florian Hiemstra et à sa compatriote Claudia Vinke, spécialiste en biologie comportementale à l’université d’Utrecht.
Sans prétendre avoir résolu le mystère de ce qui pousse les chats à voler, le duo a en tout cas identifié un certain nombre de points communs entre les profils de ces Arsène Lupins à quatre pattes. Cela leur a permis d’émettre plusieurs hypothèses, certaines parfaitement attendues et d’autres moins. Sans surprise, voler pourrait représenter une manière d’attirer l’attention ou de montrer qu’ils ont envie de jouer. Cela pourrait aussi être vu comme une façon de prolonger leur envie de chasser.
Une idée plus surprenante a également été avancée : certains chats seraient motivés par le désir de se débarrasser d’objets dont ils n’aiment pas l’odeur, qu’il s’agisse d’une paire de chaussettes sales ou d’un tissu avec une forte odeur de lessive. De plus, ils sont connus pour être particulièrement attirés par certains matériaux comme la laine et le plastique, qui contiennent de la lanoline, également appelée cire de laine ou graisse de laine. Ce composant est particulièrement attractif pour les chats, ce qui contribue à expliquer, par exemple, pourquoi ils aiment tant jouer avec des pelotes de laine.