Le mystère de l’Œil de l’Afrique, une sculpture naturelle fascinante, est enfin résolu
« Jusqu’à présent, on croyait que tout s’était passé il y a 100 millions d’années. Mais nous savions que quelque chose n’allait pas avec les théories existantes, explique Gilles Chazot, professeur à l’Université de Bretagne occidentale qui a dirigé l’étude. En fait, ils ont supposé que la structure avait été formée en une seule étape. Celui-ci contient cependant deux types de roches magmatiques dont l’implantation n’a pu avoir lieu en même temps. D’une part nous avons les deux anneaux de gabbros, roches magmatiques pauvres en silice, et les dykes (veines) qui ont une composition bien particulière, ce sont des carbonatites. Ces dernières ne sont pas constituées de silice comme la plupart des roches volcaniques, mais de carbonates. Ce sont des roches assez rares, dont la mise en place est incompatible avec celle des anneaux de gabbros. ». Sur place, au Sahara, des échantillons de gabbros ont été prélevés par El Houssein Abdeina, doctorant mauritanien, puis envoyés en Australie où ils ont été datés par Fred Jourdain, chercheur français en poste à l’université de Perth, spécialiste mondialement reconnu. datation potassium/argon. Et le verdict est tombé : il s’avère qu’elles se sont formées il y a 200 millions d’années, bien avant les carbonatites.
La théorie est une nouvelle fois confirmée par l’analyse de leur composition chimique. « Elle correspond exactement à celle des roches magmatiques d’un événement majeur survenu il y a 200 M d’années, celui de la formation de la province magmatique de l’Atlantique central, souligne Gilles Chazot. Cet événement est l’équivalent des pièges du Deccan formés il y a 65 millions d’années par l’empilement de couches de lave qui provoquèrent la disparition des dinosaures.. Cent millions d’années plus tard, l’injection de carbonatites va soulever les strates horizontales pour leur donner leur forme de dôme. Il ne restera plus qu’à l’érosion de faire son travail minutieux pendant encore 100 millions d’années pour que l’œil de l’Afrique s’ouvre enfin.