Le musicien Ibrahim Maalouf écarté du jury du Festival de Deauville 2024
Accusé il y a plusieurs années d’agression sexuelle sur mineur, le trompettiste a été acquitté en 2020. Le directeur du festival a évoqué « un malaise dans l’équipe » et « une présence de plus en plus problématique ».
Publié le 25 août 2024 à 12h08
LLa nouvelle directrice du Festival du Cinéma Américain de Deauville, Aude Hesbert, annonce en La Tribune Dimanche, le trompettiste Ibrahim Maalouf ne fait plus partie du jury, en raison d’un « malaise dans l’équipe » en lien avec la vague #MeToo.
« Ce n’est pas à moi de juger, de punir ou de condamner, mais la présence d’Ibrahim Maalouf devenait de plus en plus problématique pour le bon déroulement et la sérénité d’un festival qui fête ses 50 ans, qui est aussi ma première édition et que je souhaite porter avec clarté et transparence. »« Il y a quelques années, Ibrahim Maalouf avait été accusé d’agression sexuelle sur mineure, une affaire dans laquelle il avait été acquitté en 2020 », a-t-elle déclaré dans une interview au journal, avant cette édition du 6 au 15 septembre.
Une expulsion « injuste et déshonorante »
« Le festival de Deauville sacrifie un innocent sur l’autel du principe suprême « the show must go on » au nom d’intérêts commerciaux »a regretté son avocate, Me Fanny Colin, dans un message transmis à l’AFP samedi soir. « Le festival a demandé à Ibrahim Maalouf de « se retirer discrètement », ce qu’il a évidemment refusé »elle a ajouté. « C’est omettre en effet qu’ayant été acquitté et publiquement reconnu innocent, c’est tout aussi publiquement et devant les tribunaux qu’il combattra cette éviction injuste et déshonorante pour ses auteurs ».
Aude Hesbert rapporte que« Lorsque la composition du jury a été annoncée le 8 août, les réactions ont été nombreuses sur les réseaux sociaux et dans les médias, un malaise s’est installé au sein de l’équipe, déjà meurtrie par la précédente affaire »Elle succède en effet à Bruno Barde à la tête du festival, qui a démissionné suite à des accusations d’agression sexuelle en Médiapart. Elle a « a pris la décision difficile « , qu’elle « assumera jusqu’au bout la responsabilité d’exclure Ibrahim Maalouf du jury ».
La directrice indique qu’elle le fera « prolonger (le) travail sur la cinéphilie » dirigé par Bruno Barde, « tout en apportant notre ADN et une nouvelle forme de gouvernance ». « Au début du festival, nous publierons une charte contre les violences sexistes et sexuelles pour éviter tous les abus de pouvoir, même au-delà de MeToo. Nous serons extrêmement vigilants sur ces sujets à l’avenir »elle promet.
A lire aussi :
Haenel, Springora, Godrèche… Le #MeToo français se limitera-t-il aux violences sexuelles sur mineurs ?