Le Moyen-Orient est en feu, mais les pays arabes restent discrets
Près d’un an après le 7 octobre, il manque un acteur dans la crise régionale qui ne cesse de s’aggraver : les pays arabes. Ils sont discrets, peu actifs diplomatiquement, alors que le monde qui les entoure connaît une inexorable escalade de la guerre : dizaines de milliers de morts dans la bande de Gaza, Liban balayé par le conflit entre le Hezbollah et Israël, bombardements en Syrie. , au Yémen et en Iran, attendant des représailles de la part de l’État juif pour ses propres représailles.
Il y a lieu de se mobiliser, de tenter une médiation, d’essayer d’éteindre les incendies qui menacent la région. Ce n’est pas le cas, même pas un sommet symbolique de la Ligue arabe ! L’explication est à chercher dans la transformation des dynamiques régionales ces dernières années, qui pourraient être menacées par ces crises.
Premier fait notable : aucun des pays arabes ayant établi des relations diplomatiques avec Israël ne les a rompues.
Ni les anciens comme l’Égypte et la Jordanie, ni les plus récents, ceux des accords d’Abraham, comme les Émirats arabes unis, Bahreïn ou le Maroc. Leurs opinions publiques, lorsqu’elles peuvent s’exprimer, sont solidaires des habitants de Gaza ; les dirigeants sont discrets.
Ces pays ont fait un choix politique : ils misent sur Israël pour leur sécurité et leur développement économique. Ils ont conclu les accords d’Abraham sans se soucier des Palestiniens, ignorés dans ce processus de rapprochement, et sont aujourd’hui mal placés pour donner des leçons.
Cet « oubli » permet à l’Arabie saoudite, qui était sur le point de conclure un accord similaire le 7 octobre dernier, d’être plus audacieuse. Le royaume a ajouté une condition pour parvenir à un accord : un engagement à créer un État palestinien. Les dirigeants saoudiens ne sont pas plus sensibles à la cause palestinienne, ils ont simplement saisi l’occasion politique.
Le chef de la diplomatie saoudienne, Faisal Bin Farhan Al Saud, a publié cette semaine un article dans la presse britannique pour affirmer que la solution à deux États était « plus urgente que jamais ». Cela ne coûte pas grand-chose de le dire si nous ne faisons rien.
Que peuvent faire les États arabes ?
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Nous les avons connus plus actifs, pas toujours à bon escient. Mais ce qui n’est pas dit dans cette situation, c’est que la plupart d’entre eux approuvent l’affaiblissement, voire l’écrasement, du Hezbollah et des autres mouvements du fameux « Axe de la Résistance » pro-iranien ; à commencer par les Houthis du Yémen que Saoudiens et Émiratis ont tenté en vain de vaincre.
Mais cet axe entre les monarchies conservatrices du Golfe et Israël n’est pas inoxydable. Elle serait mise à rude épreuve en cas de guerre régionale totale, ou simplement de destruction de ce qui reste des territoires palestiniens.
Le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi a dénoncé la semaine dernière le manque de vision des dirigeants israéliens au-delà de la guerre. « Nous n’avons pas de partenaire pour la paix », a-t-il déclaré, paraphrasant une vieille phrase israélienne célèbre à propos des Palestiniens.
Cette rare sortie directe illustre l’embarras de ceux qui ont choisi le lien avec Israël, mais risquent d’avoir de plus en plus de mal à l’accepter sur le terrain des ruines du Moyen-Orient.
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