Le moustique Aedes aegypti détecte les humains grâce à la « vision nocturne » infrarouge
LUIS ROBAYO / AFP
Un moustique Aedes aegypti est observé au microscope dans un laboratoire du Centre d’études parasitologiques et vectorielles (CEPAVE) de l’institut national de recherche scientifique CONICET, à La Plata, province de Buenos Aires, Argentine, le 26 mars 2024.
INSECTES – Ces moustiques peuvent nous traquer même la nuit… Le moustique Aedes aegypti – Le principal vecteur de maladies telles que la dengue, la fièvre jaune, le virus Zika et le chikungunya – dispose d’un arsenal impressionnant pour traquer ses cibles humaines. Selon une étude publiée mercredi 21 août dans la revue NatureCet insecte est capable d’utiliser le rayonnement infrarouge, un mécanisme comparable à celui des crotales, pour affiner sa localisation lorsqu’il s’approche de sa proie.
L’étude, menée par une équipe de l’Université de Californie à Santa Barbara, dirigée par le professeur Craig Montell, met en évidence les différentes étapes de détection réalisées par Aedes aegyptiDès qu’il détecte une infime variation de dioxyde de carbone (CO2) dans l’air, due à la respiration humaine, ce moustique augmente son activité et devient plus réceptif aux autres signaux émis par l’hôte. Cette détection de CO2, perceptible à plus de dix mètres de distance, était déjà bien documentée.
Mais c’est à une distance plus proche, un à deux mètres, que Aedes aegypti Le moustique se laisse guider par les odeurs corporelles humaines, mais ce guidage olfactif peut être imprécis, notamment en présence de courants d’air. Étant donné sa faible acuité visuelle, les chercheurs se sont demandés si le moustique n’avait pas une autre corde à son arc.
Une hypothèse testée : l’utilisation du rayonnement infrarouge
Ils voulaient donc savoir si, comme le serpent à sonnette et certains coléoptères, Aedes aegypti pourrait également utiliser le rayonnement infrarouge pour localiser plus précisément sa cible. Cette hypothèse repose sur le fait que le corps humain émet naturellement de l’énergie sous forme de rayonnement infrarouge, qui peut être observé à travers des appareils tels que des lunettes de vision nocturne.
Pour tester cette hypothèse, l’équipe a conçu une expérience dans laquelle 80 moustiques femelles ont été placées dans une cage à côté de deux plaques : l’une à température ambiante (29,5 degrés Celsius) et l’autre chauffée à 34 degrés Celsius, la température typique de la peau humaine. Les chercheurs ont également introduit un nuage de CO2 et diffusé l’odeur de la sueur humaine provenant d’un gant usagé pour reproduire des conditions réalistes.
L’expérience a montré que la réponse des moustiques était faible lorsqu’un seul des signaux (CO2, odeur ou rayonnement infrarouge) était présent. Cependant, la réponse devenait significativement plus forte avec la combinaison odeur et CO2, et atteignait son maximum avec l’ajout du rayonnement infrarouge.
Vers des pièges à moustiques plus efficaces ?
L’étude indique que la température de surface d’autres mammifères dans l’environnement humain peut varier jusqu’à 10°C. Malheureusement, il s’agit de la peau humaine. « Ce qui attire le plus les moustiques »selon l’étude.
Cette découverte indique que le rayonnement infrarouge joue un rôle crucial dans la phase finale de localisation, lorsque le moustique se trouve à environ 70 centimètres de sa cible. Il s’agit de la distance intermédiaire entre la détection du CO2/des odeurs corporelles et la perception directe de la chaleur et de l’humidité cutanées.
Cette capacité à détecter les rayons infrarouges s’explique par l’échauffement de neurones situés sur les antennes du moustique, activant ainsi des récepteurs sensibles à la chaleur. Les chercheurs suggèrent que cette capacité pourrait être répandue chez les moustiques hématophages et envisagent, à l’avenir, la possibilité de développer des pièges à moustiques plus efficaces en exploitant cette découverte.
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