Le moral des Français est en hausse selon l’INSEE, mais que vaut cet indicateur ?

Des semaines d’attente d’un gouvernement loin de représenter la majorité des Français, la rentrée scolaire, la fin des Jeux olympiques et, en plus, la pluie. Bref, rien ne se prépare en cette fin de septembre pour redonner le sourire. Et pourtant, le moral des ménages français va de mieux en mieux, selon l’Insee. Ce mois-ci, son indicateur de confiance des ménages s’établit à 95, alors que la moyenne depuis 1987 est fixée à 100.

« C’est un indicateur sur la perception de la situation financière » uniquement, précise Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture économique à l’Insee. Chaque mois, l’institut statistique interroge 2 000 ménages sur leur perception de leur propre situation financière, du niveau de vie en France et de leur crainte du chômage notamment. Pour consolider le résultat, « les ménages sont interrogés pendant trois mois, et le panel est renouvelé d’un tiers chaque mois ». Voilà pour la petite cuisine interne.

L’effet « guerre en Ukraine » a été effacé

L’idée n’est donc pas de dire que les Français commencent à envisager l’avenir avec confiance à la rentrée. « Le moral des ménages avait baissé avec le début de la guerre en Ukraine, la forte inflation et la perte de pouvoir d’achat. Depuis quelques mois, ça repart, le prix à la pompe a baissé, les prix des denrées alimentaires n’augmentent plus », explique Dorian Roucher. Ces deux éléments essentiels du pouvoir d’achat dictent la courbe de confiance des ménages, précise l’expert, bien plus que l’orientation économique du pays. Autrement dit, l’équilibre budgétaire périlleux de l’État n’est pas pris en compte.

La dissolution de l’Assemblée n’avait pas atteint le rebond de confiance cet été. « Il y a souvent une bulle d’optimisme autour d’une élection », note Dorian Roucher, même s’il est « trop tôt » pour parler d’un effet législatif en 2024. Quant au coup dur de la rentrée, l’expert précise que cet effet saisonnier bien connu est « corrigé » dans les données publiées. Reste qu’avec ce score de 95, le moral des ménages français n’avait pas été aussi élevé depuis février 2022, juste avant le début de la guerre en Ukraine.

Les Français, ces grands pessimistes

Mais les Français ont « tendance à être plus pessimistes au fil du temps » : depuis 2007, l’indice de confiance n’a dépassé les 100 points que trente mois durant. Autant dire que la moyenne de l’indicateur ne se maintient que grâce à la solide confiance économique des années 1990, qui s’est depuis longtemps évanouie. En mars dernier, à l’aube de ce regain de confiance économique, un sondage Ipsos indiquait même que les Français étaient « de moins en moins heureux ».

A cette date, seuls 71% se disaient heureux, soit 3 points de moins qu’en 2023 et 7 de moins qu’à la sortie du premier confinement, l’âge d’or du bien-être à domicile. Et près de la moitié (47%) sont mécontents de leur situation financière, ce qui peut expliquer la confiance mitigée dans l’indicateur de l’Insee. Plus enclins à bouder qu’à sourire, les Français sont aussi « dans une sorte d’attentisme » malgré leur meilleur pouvoir d’achat, préférant épargner plutôt que consommer. Ils préfèrent aussi combler l’écart entre leur salaire et le coût de la vie.

Mais il ne faut pas exagérer la morosité : nous ne faisons pas pire que les autres. L’indicateur de l’Insee est harmonisé avec d’autres indicateurs européens, qui indiquent que « la confiance est en hausse » presque partout en Europe. « Les ménages français sont dans la moyenne », rassure Dorian Roucher, à mi-chemin entre les Espagnols, plus optimistes, et les Allemands, où « les industriels sont encore plus pessimistes ». Cela vous réconforte-t-il ?