le Mondial, une voix pour les difficultés du secteur
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le Mondial, une voix pour les difficultés du secteur

le Mondial, une voix pour les difficultés du secteur

La 90e édition du Mondial de l’Automobile de Paris, qui s’est terminée ce dimanche, a été un succès. Les Français n’ont pas manqué cet événement : en six jours, il a accueilli quelque 508 000 visiteurs. Le pari était donc gagné pour Luc Chatel, le président de la Plateforme automobile (PFA), organisatrice de l’événement. Prudent, il confie par avance miser sur une fourchette « de 400 000 à 500 000 » visiteurs. Serge Gachot, le patron de la Coupe du monde, salue une performance  » remarquable « . Le salon a marqué, selon lui, le retour des exposants, puisqu’une cinquantaine de marques étaient représentées, contre une vingtaine lors de l’édition précédente.

Il faut dire qu’en 2022, la Coupe du monde s’est terminée sur un goût particulièrement amer : la désaffection de plusieurs grands noms de l’automobile n’a pas été sans effet, et seuls 397.000 visiteurs sont venus. Beaucoup se demandaient alors si les salons resteraient des événements de référence. La disparition du Salon de Genève au printemps dernier a d’ailleurs ravivé ces questions. En tout cas, le succès de cette Coupe du monde parisienne assure immédiatement sa pérennité. Ce dimanche soir, la PFA s’est donnée rendez-vous dans deux ans, en 2026, pour une 91e édition.

L’opération séduction de la voiture électrique

Surtout, la Coupe du monde a eu le mérite de se dérouler à un moment idéal pour les constructeurs et équipementiers. Tout le monde a profité du salon pour tenter de redynamiser le marché des voitures électriques, dont les ventes sont en berne depuis le début de l’été. Renault et Stellantis ont braqué les projecteurs sur leurs R5, R4, ë-C3 et autres Leapmotors, dans l’espoir de provoquer un choc électrique. Au salon, selon les organisateurs, cela a eu lieu. « Le Mondial nous a ouvert les yeux sur les véhicules électriquesaffirme Serge Gachot. Les constructeurs ont vendu beaucoup de voitures. » Selon lui, 60 % des voitures vendues par Renault sont électriques, contre 30 % chez Peugeot. Il faudra maintenant voir si cette tendance se reflète dans les chiffres des immatriculations automobiles dans les prochains mois…

La Coupe du monde, couverte par plus de 5 000 journalistes, a surtout constitué une voix puissante pour les revendications de l’industrie automobile. Le secteur a largement profité de l’événement pour sensibiliser les pouvoirs publics à ses difficultés. Celles-ci concernent, pêle-mêle, la baisse des ventes de voitures et leurs conséquences sociales, la férocité de la concurrence chinoise, ou encore l’interdiction européenne des ventes de voitures thermiques en 2035.

Par coïncidence, le timing de l’émission s’est avéré parfait pour ce lobbying, dans le sillage de l’installation d’un nouveau gouvernement en France et d’une nouvelle commission en Europe. Et ce, en amont des décisions politiques clés pour l’avenir du secteur. Alors que le gouvernement de Michel Barnier vient d’arriver aux commandes, les grands noms de l’automobile n’ont pas manqué l’occasion du passage d’Emmanuel Macron au salon, comme celui d’Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie, ou encore Marc Ferracci, en charge de L’industrie, pour demander leur soutien.

Alors que le débat sur le budget 2025 s’ouvre ce lundi au Parlement, les députés et sénateurs, dont beaucoup sont allés au Mondial, ont pu entendre les cris du secteur contre un durcissement du bonus-malus. Luc Chatel a notamment répété que cette initiative constituait un « impôt déguisé »risque de peser sur les ventes d’automobiles, et notamment de voitures électriques. Dans ce contexte tendu, Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie et des Finances, a expliqué mardi dernier, lors d’une conférence au Mondial, que le gouvernement comptait revoir sa copie sur le malus.

Le nouveau locataire de Bercy a aussi, semble-t-il, été sensible aux coups de gueule de plusieurs constructeurs concernant la réglementation européenne. Luca de Meo, le patron de Renault, a réitéré la semaine dernière son souhait de revoir la réglementation européenne sur les émissions de CO2. Celui-ci prévoit de lourdes amendes pour les constructeurs qui ne vendraient pas suffisamment de voitures électriques l’année prochaine. Antoine Armand a enfin affirmé que cette perspective n’était pas « pas possible ». Le ministre a promis de« explorer toutes les flexibilités nécessaires » Pour « éviter de pénaliser » le secteur. Si le secteur ne dispose pas, à ce jour, de plus de certitudes, le salon lui a, à tout le moins, permis de faire passer ses messages.

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