« Le Monde », « Le Figaro » et d’autres journaux poursuivent X en justice
Plusieurs journaux, dont Le Figaro, Le monde, Le Parisien Et Les Échospoursuivent le réseau social
Cette action commune contre le réseau social, propriété du milliardaire américain Elon Musk, est menée devant le tribunal judiciaire de Paris par « rédacteurs de presse Le Figaro, Les Échos, Le Parisien, Le monde, Télérama, Courrier international, Le Huffington PostPublications Malesherbes et Le nouvel Obs ».
Avant cette action au fond, ces journaux, ainsi que l’Agence France-Presse, avaient convoqué X et sa filiale française en référé (procédure d’urgence), l’accusant de ne pas vouloir négocier. Le 24 mai, le juge des référés du tribunal judiciaire de Paris leur a donné raison. Il a ordonné au réseau social de leur fournir, dans un délai de deux mois, une série de données commerciales leur permettant d’évaluer les revenus qu’il tire de leurs contenus.
Désinformation
X « ce n’est pas arrivé (…) non conforme » à cette décision jusqu’à présent, « démontrant ainsi sa volonté invariable de se soustraire à ses obligations légales »ont dénoncé les journaux pour justifier leur nouvelle action en justice. Les droits voisins du droit d’auteur ont été instaurés pour les plateformes numériques en 2019 par une directive européenne. Ils permettent de rémunérer les journaux, magazines ou agences de presse lorsque leur contenu est réutilisé par les géants du numérique.
« Une condamnation de Twitter (…) dans le cadre de cette nouvelle procédure sur le fond constituerait une étape supplémentaire dans la mise en œuvre des dispositions légales sur les droits voisins »ont estimé les journaux poursuivant X.
Soutien actif de Donald Trump, élu président des Etats-Unis pour la deuxième fois, Elon Musk est fréquemment accusé de promouvoir la désinformation sur X, où il se pose en adversaire des médias. Avant cette action contre X, une cinquantaine d’autres éditeurs de presse français, principalement régionaux, ont annoncé le 8 novembre avoir intenté une action en justice contre le grand groupe américain Microsoft.
Au total, plusieurs millions d’euros sont réclamés par des titres de groupes comme Ouest-France ou Ebra (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes), dans une série de citations déposées au tribunal judiciaire de Paris pour « contrefaçon ».
Nouveau défi
La question à long terme des droits voisins empoisonne depuis cinq ans les relations entre la presse française et les grands groupes spécialisés de l’Internet. Elle a cependant connu une accalmie en 2021 : après une âpre bataille, des accords ont été signés à partir d’octobre 2021 avec Meta, propriétaire de Facebook, et à partir de mars 2022 avec Google.
Certains étaient des accords-cadres conclus avec des groupements collectifs de journaux, dont les membres pouvaient alors chacun négocier directement avec les plateformes. D’autres étaient des accords individuels. Les accords-cadres sont actuellement en cours de renégociation. Mais en mars, l’affaire prend une nouvelle fois une tournure conflictuelle : l’Autorité de la concurrence a infligé une amende de 250 millions d’euros à Google, l’accusant de ne pas avoir respecté certains des engagements pris en 2022.
« Contrairement à Google et Meta, X/Twitter a (…) n’a jamais accepté d’ouvrir des négociations avec les éditeurs de presse français afin de respecter le cadre légal sur le droit d’auteur et les droits voisins, malgré plusieurs mois de démarches puis de rappels amiables »ont rappelé les journaux qui poursuivaient X.
Alors que la question des droits voisins n’est même pas encore définitivement résolue, les médias sont confrontés à un nouveau défi en matière de rémunération de leurs contenus, avec la montée en puissance des programmes d’intelligence artificielle (IA). En septembre, OpenAI, le développeur de ChatGPT, a refusé des négociations collectives avec deux organes de presse français pour utiliser contre rémunération le contenu des 800 titres qu’ils représentent.