Le monde du football déclare la guerre à la FIFA
C’est l’un des grands sujets qui agite l’actualité footballistique en ce début de saison. Le calendrier surchargé suscite la grogne populaire chez les footballeurs. Dans le même temps, certains internationaux évoluant dans les plus grands clubs vont vivre une saison longue et éprouvante avec un nombre de matchs disputés qui pourrait dépasser les 80 rencontres, compétitions et trêves internationales comprises. Dans le cas du Real Madrid de Kylian Mbappé, par exemple, les Merengues disputent au total sept tournois : la Liga, la Coupe du Roi, la Ligue des champions, la Supercoupe d’Espagne, la Supercoupe d’Europe, la Coupe du monde des clubs et la Coupe intercontinentale. D’autres clubs anglais ont près de six compétitions au programme de cette campagne 2024/2025. Un nouveau rapport de la FIFPRO, le syndicat international du football professionnel, met en évidence les inquiétudes généralisées concernant la charge de travail excessive des joueurs, soulignant comment les exigences croissantes de la compétition compromettent leur santé et leur bien-être. Le rapport PWM (Player Workload Monitor) 2023-24 révèle que certains joueurs bénéficient de moins d’un jour de repos par semaine, en violation des normes internationales de santé et de sécurité.
De nombreux joueurs ont tiré la sonnette d’alarme ces dernières semaines. Rodri de Manchester City, Alisson Becker de Liverpool, mais surtout Jules Koundé du FC Barcelone : « Le calendrier est de plus en plus chargé chaque année, on a de plus en plus de matchs et de moins en moins de repos. On le dit depuis trois ou quatre ans et personne ne nous écoute, nous les joueurs, qui sommes les premiers acteurs. Il viendra effectivement un moment où nous ferons grève. C’est le seul moyen pour nous de nous faire entendre. « , a déclaré le Français. Des avertissements qui avaient fait beaucoup de bruit depuis ces déclarations, Rodri a subi une rupture du ligament croisé du genou droit, tandis que le gardien allemand du Barça, Marc-André ter Stegen, souffre d’une rupture complète du tendon rotulien. Tous les grands clubs sont concernés par des problèmes physiques plus ou moins graves. On peut notamment penser à Martin Ødegaard, blessé à la cheville ou encore Gonçalo Ramos. Avec plus de 1 500 joueurs suivis, le rapport PWM a révélé que 54 % d’entre eux sont confrontés à une charge de travail excessive, avec près d’un tiers participant à plus de 55 matches dans une saison. De nombreux joueurs ont subi des séquences d’au moins six semaines consécutives de matches, ce qui rend clairement difficile une récupération adéquate.
Un grand procès est attendu depuis longtemps !
Action, réaction. Il n’a pas fallu longtemps pour que les syndicats entendent le cri de désespoir des joueurs. En effet, une première plainte contre la FIFA a été déposée devant le Tribunal de grande instance de Bruxelles par l’UNFP, la PFA, l’AIC et la FIFPro Europe — respectivement les syndicats français, anglais, italien et européen de la fédération mondiale : « On peut tourner le calendrier encore et encore, mais à un moment donné, il ne colle plus. Avant d’ajouter des dates comme ça, il faut qu’il y ait des accords entre l’employeur et l’employé, en l’occurrence les joueurs. Le seul accord a été trouvé entre la FIFA et l’ECA à Kigali, il y a presque deux ans. Il y a une faille. Trop c’est trop. Cette Coupe du monde des clubs n’est pas le problème. Mais elle en fait partie. « , a déclaré David Terrier, vice-président de l’UNFP, dans les colonnes de L’équipe. L’analyse PWM montre également comment les compétitions internationales contribuent de manière significative à la pression temporelle exercée sur les joueurs. Pour ceux qui ont une charge de travail excessive, 30 % des matchs sont des matchs internationaux, ce qui implique un engagement considérable en dehors des compétitions avec les équipes de club.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’une deuxième plainte sera ensuite déposée le 14 octobre auprès de la Commission européenne par les mêmes syndicats cités ci-dessus, auxquels il faudra ajouter ceux de la Premier League, de la Bundesliga, de la Serie A et de la Liga. Mais que peut faire la loi dans ce cas ? La rédaction de Foot Mercato a consacré un gros dossier à ce sujet cette semaine. La législation varie selon les pays, mais en France, le Code du sport indique que « Les fédérations sportives veillent à la santé de leurs adhérents et prennent les mesures nécessaires à cette fin (…) notamment en ce qui concerne le calendrier des compétitions qu’elles organisent ou autorisent « , comme il l’écrit dans l’article L. 231-5. Quant à la Charte du football, elle autorise la période de congés payés sur une durée totale d’au moins 18 jours ouvrables consécutifs pendant l’intersaison et six jours ouvrables consécutifs en fin d’année civile, dont les 24 et 25 décembre. Pour paraphraser le président de la Liga, Javier Tebas, » Une grève dans le football peut être une réalité. Les syndicats et les ligues sont assez unis.»
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