le ministre ouvert au projet de les supprimer
(Article publié le mardi 29 octobre 2024 à 11h16, mis à jour à 15h32) Le projet de suppression du système de catégories, qui classe les fonctionnaires selon leur niveau de diplôme, n’est pas enterré. « Je ne veux pas jeter à la poubelle ce qui a été fait par mon prédécesseur (ndlr : l’ancien ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini) (…) donc on continue à en discuter »a indiqué le nouveau ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, sur RTL ce mardi.
Élément structurant dans la carrière de 5,7 millions d’agents publics, le système de catégories classe les fonctionnaires selon leur niveau de diplôme. Catégorie C, la moins bien rémunérée : elle est accessible sans diplôme, avec un CAP, un BEP ou un certificat d’études collégiales. En revanche, il faut un baccalauréat pour la catégorie B. Quant à la catégorie A, il faut avoir un niveau Bac+2 ou Bac+3, selon les branches de la fonction publique.
Problème avec ce système aujourd’hui : de nombreux agents sont trop qualifiés pour la catégorie dans laquelle ils travaillent. « Les catégories enferment souvent les agents publics, elles créent des plafonds de verre très difficiles à briser »avait justifié Stanislas Guerini en mai pour soutenir sa volonté de changement.
Les syndicats ont le vent en poupe
Il n’en demeure pas moins que ce sujet ne fait pas l’unanimité. Au printemps, sept des huit syndicats de la fonction publique ont réagi négativement au projet d’abolition. La CGT, la CFDT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et la FA-FP avaient indiqué leur refus de« une remise en cause des garanties légales qui permettent la reconnaissance des diplômes et le droit à une carrière : catégories, grade, échelon ».
« Ce projet (…) ne répond pas aux besoins de la Fonction Publique, de son personnel, et prend des orientations qui conduisent au contraire à des revers », ont estimé les syndicats.
Guillaume Kasbarian est bien conscient de cette position. « C’est un sujet qui irrite de nombreux syndicats »a reconnu le ministre ce mardi. Il a également assuré qu’il avait « bien sûr » leurs réserves à ce sujet.
Réformer la fonction publique
La suppression des catégories de fonctionnaires n’est pas la seule mesure controversée. Parmi les autres, il y a aussi l’augmentation de la rémunération au mérite. Un sujet « que nous continuons à consulter avec les organisations syndicales »a prévenu le ministre ce mardi. Il a également parlé du licenciement « en cas d’insuffisance ». « C’est quelque chose qui peut pénaliser un service, que tout le monde peut vivre des moments très difficiles dans un service, donc je comprends la complexité »a-t-il assuré. Il considère que ce sujet « pas tabou » doit également être « discuté dans le cadre du dialogue social ».
Toutes ces mesures s’inscrivent dans le projet de réforme de la fonction publique envisagé par Stanislas Guerini. Lancé quelques semaines avant la dissolution de l’Assemblée nationale, il n’a pas pu être présenté au Parlement. Guillaume Kasbarian a indiqué la semaine dernière vouloir « poursuivre cette ambition réformatrice »totalement ou partiellement, malgré la révolte qu’elle suscite.
« Nous allons consulter les syndicats, nous verrons quelle solution sera finalement retenue »il a expliqué. Et d’ajouter : « J’ai laissé toutes les options sur la table et je les ai inscrites à l’agenda social ».
Ce mardi, les syndicats de la fonction publique se sont prononcés contre. « Sur la méthode, la demande unanime de nos organisations est claire : nous voulons l’abandon total de ce projet » de réforme, ont écrit, dans une lettre au ministre, les dirigeants de l’UFFA-CFDT, de la CGT de la Fonction publique, de l’UIAFP-FO, de Solidaires Fonction publique, de la Fédération des Services Publics CFE-CGC, de la FA-FP, de la FSU. et la Fonction publique de l’Unsa. Ils ont également exigé « une petite précision » les intentions du gouvernement à ce sujet.
Plus généralement, les huit syndicats représentatifs signataires demandent à s’inscrire « le plus rapidement possible » à l’ordre du jour une réunion « en (sa) présence » sur les salaires. Ils « J’attends également des réponses » sur les droits de protection sociale des agents, et « espèrent que les accords signés seront mis en œuvre ».
« Vous aviez affiché une volonté de dialogue social »rappeler les organismes à leur ministre. Mais « depuis lors, un agenda social a été imposé sans aucune concertation et, dans le même temps, un certain nombre de décisions lourdes de conséquences (…) semblent déjà avoir été adoptées sans qu’aucune discussion n’ait eu lieu », se lamentent-ils.
Arrêtez le « dénigrement officiel »
Pour le secrétaire général de la CGT, cette réforme est une « chiffon rouge »a prévenu Sophie Binet ce mardi sur RMC/BFMTV. Elle a distingué Guillaume Kasbarian : « Ce ministre de la Fonction publique, visiblement, il déteste les fonctionnaires » compte tenu de ses déclarations ou de ses intentions, réfléchit-elle.
« Nous devons arrêter le dénigrement des autorités »dit-elle Sophie Binet. Avant de rappeler que « nous étions très heureux pendant le Covid d’avoir des fonctionnaires qui faisaient fonctionner le pays ».
Face à la politique gouvernementale, le dirigeant syndical a appelé « Les salariés et les retraités ne doivent pas céder au fatalisme » et à « multiplier les mobilisations ».
Une chose est sûre : il y aura du changement. « J’espère que nous pourrons continuer à opérer des transformations majeures »avait prévenu Guillaume Kasbarian la semaine dernière. Objectif : « libérer des leviers d’économies en réduisant nos effectifs et en redéployant les ressources humaines et financières là où se trouvent les réels besoins sur le terrain », il a insisté.
Dans son projet de budget pour 2025, le gouvernement prévoit de supprimer quelque 2 200 postes de fonctionnaires. Il prévoit également de réduire le nombre d’opérateurs publics de 10 % d’ici quatre ans. Une réunion est prévue le 12 novembre entre l’administration et les syndicats sur ce projet de réforme de la fonction publique. Nul doute que les échanges seront vigoureux.
(Avec l’AFP)